• Le 18 avril 1763, Marie-Josephte Corriveau entre dans la légende

    Par Yvan-M. Roy

    (Publié dans la revue La Seigneurie de Lauzon, No 128, Printemps 2013)

    Le 18 avril 1763, il y a donc 250 ans, un cortège macabre formé de quelques soldats anglais quitta la haute ville à Québec pour se diriger vers la Pointe-à-Carcy. Un canot attendait. Les soldats y placèrent une cage de fer dans laquelle se trouvait le cadavre d’une femme pendue quelques heures auparavant pour avoir assassiné son mari. Le canot se fraya un chemin vers Pointe-Lévy à travers les glaces de l’hiver précédent. Un capitaine de milice attendait à la Pointe-des-Pères, sur la rive droite du Saint-Laurent. La petite troupe débarqua la cage qui fut déposée dans une charrette. Le cortège se reforma pour se rendre sur le chemin du roi à l’endroit que le gouverneur militaire avait indiqué. Là, la cage fut accrochée à un gibet. Le cadavre de Marie-Josephte Corriveau fut exposé à la vue publique pendant plus d’un mois. Ce fut le point de départ d’une grande légende. Pour souligner l’anniversaire, nous avons voulu tirer de l’oubli le nom de personnes qui, de près ou de loin, ont accompagné ‘’La Corriveau’’ dans les semaines et les jours précédant son entrée dans la légende.  

     

    Un prêtre jésuite, à la fois confesseur et justicier

    Auguste-Louis de Glapion, supérieur général des Jésuites du Canada, de 1763 à 1790. Le 6 avril 1763, devant un tribunal militaire, lors d’une décision appuyée sur des preuves circonstancielles, Joseph Corriveau fut reconnu coupable du meurtre de son gendre Louis Dodier, commis le 15 janvier précédent dans le village de Saint-Vallier. Le père Glapion confessa Joseph Corriveau et lui fit entrevoir les portes de l’enfer si, pour sauver sa fille, il persistait à masquer la vérité. Sans Glapion, la légende de la Corriveau n’existerait pas. C’était du moins ce que laissait sous-entendre l’avocat Barthélemy Faribault (1789-1866) qui fut un des premiers à séparer les faits des déformations que la légende avait fait naître :

     

    « Le R. Père Glapion, alors supérieur des Jésuites de Québec, étant allé visiter Joseph Corriveau en prison, pour le préparer à la mort, après sa confession faite, le père Glapion lui demanda si véritablement c’était bien lui, Corriveau, qui avait tué son gendre Dodier, ou s’il connaissait qui avait commis le meurtre en question, que la rumeur publique attribuait ce meurtre à sa fille, Marie-Josephte Corriveau, et que si tel était le cas, il devait le déclarer. Sinon, qu’il devenait homicide de lui-même, et qu’il n’y avait aucun pardon à espérer pour lui dans l’autre monde… »[1]

     

     

     

    Joseph Corriveau avait-il pris panique devant la perspective de passer sa vie éternelle en enfer? Toujours est-il qu’en se disculpant, il incrimina sa fille. Un second procès eut alors lieu le 15 avril suivant. Dès le début, la poursuite présenta une déclaration de culpabilité de l’accusée. Le procès dura à peine quelques heures. Marie-Josephte Corriveau fut condamnée à subir un châtiment réservé en Grande-Bretagne aux criminels reconnus coupables d’infractions contre le souverain, l’état ou les lois de la  marine, tels les crimes de lèse-majesté, de trahison, de sédition ou de mutinerie. 

     

     

     

    Aveu de culpabilité et mobile du crime

     

     Marie-Josephte Corriveau avait vécu avec Louis-Étienne Dodier, son second mari, une relation de couple mouvementée. Le 15 janvier 1763, Dodier fut trouvé mort dans son étable. Lors d’un premier procès, elle fut reconnue complice de Joseph Corriveau dans le meurtre de son mari et condamnée à recevoir la peine du fouet et du fer rouge. Son procureur avait été Jean-Antoine Saillant, notaire public et avocat à Québec. Lors d’un second procès, elle fut reconnue coupable après que le procureur de l’accusation eut produit un aveu de culpabilité où elle déclarait avoir commis son crime pour mettre un terme aux violences de son mari.

    « Maria Josephte Corriveaux widow Dodier declares she murdered her husband Louis Heleine Dodier in the night, that he was in bed asleep, that she did it with a hatchet, that she was neither advised to it, assisted in it, neither anyone know of it; she is conscious that she deserves death, only begs of the Court, she may be indulged with a little time to confess, and make her peace with Heaven; adds, that it was indeed a good deal owing to the ill Treatment of her husband, she was guilty of this crime. »(2)

     

    Une toute petite femme  

     Marie-Josephte Corriveau était âgée de 30 ans quand une contemporaine, Marianne Pilette (1742-1829), l’observa à la sortie de la grande porte du couvent des Ursulines où s’était tenue la Cour martiale qui venait tout juste de rendre la terrible sentence. Dans son vieil âge, la dame Pilette raconta à Barthélemy Faribault que la condamnée était une femme « de petite stature et toute rapetissée qu’on avait ramenée à la prison dans une brouette… ».[3] 

     Marie-Josephte avait eu de Charles Bouchard, son premier mari, trois enfants. En 1763, Françoise, Angélique et Charles étaient âgés respectivement de 11, 9 et 6 ans.[4] Avait-elle cherché à les protéger d’un homme violent, qui sait? À cette époque, le mariage n’était dissous que par la mort d’un époux. Il n’y avait pas, comme aujourd’hui, de lois pour faciliter le divorce et protéger les enfants. Il n’y avait pas non plus de tribunaux pour assurer la paix, le bien-être et la sécurité des personnes exposées à la violence en milieu familial.

     

    Le président de la Cour martiale

    Roger Morris, lieutenant-colonel du 47e régiment, fut désigné par le gouverneur James Murray pour présider les deux procès de l’affaire Dodier. Le vendredi 15 avril 1763, au terme du second procès, Morris prononça contre Marie-Josephte Corriveau une sentence qui comportait deux éléments, la pendaison et l’exposition de la dépouille dans une cage de fer :

     

    « The court is of the opinion that the prisoner Maria Josephe Corriveaux widow Dodier is guilty of the crime laid to her charge, and doth adjudge her to suffer death for the same by being hanged in chains wherever the Governor shall think proper.”

     

    (Signed)          Roger Morris

                                       Lieut: Colonel, 47th Regt.  Prest.[5]

     

    Pendant la guerre de Sept Ans, Morris eut des états de service éloquents. Pensionné de l’armée en 1764, il alla s’établir à New York et se fit construire une maison, connue aujourd’hui sous le nom de maison Morris-Jumel, la plus ancienne construction sur l’île de Manhattan.

     

    Les procureurs au procès

    Hector-Théophile Cramahé et Jean-Antoine Saillant. Depuis 1741, Cramahé avait été compagnon d’armes de James Murray avant d’être son secrétaire après la chute de Québec. Murray nomma Cramahé procureur du roi à chacun des procès de l’affaire Dodier. Quant à Saillant, il avait commencé sa carrière juridique à Québec comme notaire royal en 1749. Par la suite, il occupa la charge de procureur au Conseil supérieur. Il fut nommé d’office procureur de la défense dans les deux procès. Dans le premier procès, il plaida sans succès l’absence de preuves directes et la présence de nombreuses contradictions et de preuves circonstancielles basées essentiellement sur des ouï-dire. Saillant aurait été tenu à l’écart des interrogatoires de sa cliente avant le second procès, et il n’aurait pas participé à la rédaction de la déclaration par laquelle Marie-Josephte Corriveau allait finalement s’incriminer. Dans notre droit contemporain, une déclaration de culpabilité établie en l’absence du procureur de la défense serait considérée comme abusive, contre le droit à une défense pleine et entière, et déclarée inconstitutionnelle. 

     Le gouverneur du régime militaire

     

    James Murray, lieutenant-colonel écossais, fut gouverneur et commandant militaire de Québec de 1759 à 1764. En septembre 1759, Murray était 4e en grade et commandait le centre de l’armée anglaise lors de la bataille des Plaines d’Abraham. En avril 1760, il fut défait à la bataille de Sainte-Foy par  Lévis qui commandait les troupes françaises et canadiennes. À titre de gouverneur, il désigna les 12 officiers du tribunal militaire formé pour décider de l’affaire Dodier. Il est probable que, derrière les rideaux, il suggéra l’inclusion du second élément de la sentence contre Marie-Josephte Corriveau. Murray délégua à Thomas Mills, major de la ville, les détails de l’exécution du premier élément, soit la pendaison, et au colonel Archibald Campbell, ceux de l’exposition publique à Pointe-Lévy du corps de la condamnée.  

    Murray fit preuve d’actions brutales pour policer un peuple soumis au régime de la loi martiale. En février 1760, après avoir chassé un détachement des forces françaises qui avait trouvé refuge dans la partie ouest de Pointe-Lévy, il fit brûler, en plein milieu d’un hiver rigoureux, toutes les habitations qui se trouvaient entre les rivières Etchemin et Chaudière. Trois mois plus tard, il fit pendre à Saint-Charles, devant son moulin, le capitaine de milice Nadeau pour avoir encouragé les citoyens à la révolte.[6] De 1760 à 1763, la sécurité constitua la préoccupation fondamentale de Murray pendant le régime militaire, la possibilité d’un retour des Français ou d’une révolte des Canadiens ne pouvait être écartée.[7] À la fin de 1764, Murray avait changé radicalement. Il écrivait à son secrétaire : «   Vous savez, Cramahé, j’aime les Canadiens mais vous ne pouvez concevoir combien je m’inquiète à leur sujet ; de les voir devenir la proie des plus licencieux des hommes, alors que je suis à leur tête, c’est ce que je ne peux endurer plus longtemps. »[8]

    En 1765, devenu gouverneur civil, il fit l’acquisition de la Seigneurie de Lauzon, à laquelle était rattachée la paroisse de Pointe-Lévy. Le notaire qu’il chargea de convoquer les habitants au presbytère pour que chacun y fasse valoir ses titres était Jean-Antoine Saillant, celui même qui, deux ans auparavant, avait été le procureur de Marie-Josephte Corriveau.

     

    Le bourreau et le forgeron de la mise en cage

    Nous savons peu de choses sur le bourreau qui fut chargé d’exécuter la sentence, si ce n’est qu’il se nommait John Fleeming. Une personne du même nom, émigra à Boston en 1764, publia le Boston Chronicle en 1767, et trouva refuge en France pendant la révolution américaine.

     

    Richard Dee fut le forgeron qui fabriqua le « gibbet irons », une cage faite de bandes de fer feuillard qui entouraient le corps de la condamnée. Dee reçut cinq livres, le prix coutumier en Angleterre pour un tel travail. L’auteur William Andrews a donné d’intéressantes précisions sur cette pratique de mise en cage : « The habit of gibetting  or hanging in chains the body of the executed criminal near the site of the crime , with the intention of thereby deterring others from capital offenses, was a coarse custom very generally prevalent in medieval England.” [9]

    En Nouvelle-Écosse, comme mesure dissuasive pour contrer les mutineries, on a pendu « dans les chaînes » jusqu’en 1809.  Sur l’île McNab, dans le port d’Halifax, tout navire entrant dans ce port devait absolument longer l’île, ce qui offrait ainsi aux marins une vue sur le sort qui leur était réservé en cas de révolte contre leurs officiers de bord.

    L’historien Luc Lacourcière a parlé avec ironie de cette pratique anglaise : « Bref, les gibets, presque aussi fréquents que nos croix de chemin, étaient considérés comme un des éléments les plus pittoresques de la campagne anglaise. »[10] 

    La France ne fut pas épargnée par cette pratique. À Paris, le gibet de Montfaucon,  appelé les « Fourches de la grande justice » fut en service jusqu’à 1629. 

     

    Du côté de la Pointe-Lévy

    Plusieurs écrits de l’époque établissent que Jean-Baptiste Carrier était le capitaine de milice de Pointe-Lévy en 1763.[11]   Les historiens s’accordent pour déterminer la date du lundi 18 avril comme celle de la pendaison. Après avoir été mis « dans les chaînes », le cadavre de Marie-Josephte Corriveau fut transporté à Pointe-Lévy pour y être exposé, probablement le même jour. Le 19 avril, le capitaine de milice de Pointe Lévy reçut par écrit un ordre du gouverneur de faire publier par trois fois un avis proclamant l’absolution de Joseph Corriveau et celle d’Isabelle Sylvain, reconnus coupables lors du premier procès. Quelques jours plus tard, avec l’ouverture de la navigation, le gouverneur apprit la nouvelle de la signature du Traité de Paris par lequel la France avait cédé le Canada à l’Angleterre. Après la menace et la terreur, Murray passa tout à coup en mode séduction. Le 25 mai, dans une grande déclaration à caractère politique, Murray adressa en ces termes un nouvel ordre au capitaine de milice de Pointe-Lévy :

     

    « La paix étant faite, et le pays restant à sa Majesté Britannique, Son Excellence, pour mieux engager les habitants à faire leur devoir, cherche à leur témoigner ses bienveillances et la douceur du gouvernement; c’est pourquoi , oubliant tout le passé, et voulant faire plaisir à ce Gouvernement en général, et aux habitants de votre paroisse en particulier, il vous permet par la présente d’ôter le corps de la veuve Dodier de la potence où elle pend à présent, et de l’enterrer où bon vous semblera ».[12] 

    Ces deux ordres, destinés au capitaine de milice de Pointe-Lévy, permettent d’avancer que le 18 avril, un tout premier ordre venant du gouverneur avait été adressé à Jean-Baptiste Carrier pour régler la question de l’exposition publique du cadavre dans sa cage. On peut conclure que le 25 mai 1763, Jean-Baptiste Carrier s’entoura de quelque uns de ses miliciens pour aller décrocher la cage. La cage décrochée, un nouveau cortège prit la direction de l’église où finalement l’inhumation eut lieu à l’extérieur du cimetière.[13]

     

    À la fourche du chemin à Pointe-Lévy

    C’est grâce à la tradition que l’on se souvient aujourd’hui de l’emplacement où  fut exposée la cage de la condamnée, à la fourche du chemin de Pointe Lévy, sur un petit cap, quelques pas à l’ouest d’un monument de Tempérance dont Louis-Fréchette avait  mentionné l’existence en 1885.[14] Sur ces lieux, en 1763, pour aller vers l’ouest, la grande route, appelée chemin du roi, passait tout droit pour continuer sur l’actuel tracé de la rue Saint-Georges. Ce n’est qu’en 1765 que fut crée une fourche dont la branche nord prit le nom de  ‘’Petite route’’.[15]  Pour rejoindre le chemin du roi à partir de la Pointe-des-Pères et finalement atteindre l’emplacement du gibet, le cortège a probablement longé les clôtures bordant la terre de Joseph Carrier.[16] Ce Carrier était-il canotier? Avait-il participé prêté son aide pour aller chercher la cage du côté de Québec?  De son vivant, Jean Carrier, son père, pendant longtemps avait été patron de chaloupe et messager du roi par eau sur toute l’étendue du Saint-Laurent.[17]

     

    La terre du curé de Pointe-Lévy

    Charles Youville-Dufrost fut curé de la Pointe-Lévy de 1744 à 1774. Depuis 1721, les curés de la paroisse avaient l’usufruit d’une terre 5 arpents en front située 12 arpents à l’ouest de l’église. La terre était traversée par le chemin du roi, aujourd’hui la rue Saint-Joseph. En 1762, le curé Dufrost avait loué cette terre à Étienne Gely qui l’occupa jusqu’en mai 1766.[18] Sur la « terre du curé » se trouvaient une maison, une étable, un jardin, un verger, des champs pour la culture, des pâturages et un boisé.

     

    Un contentieux entre le curé et le gouverneur

    En juin 1759, le curé Dufrost s’était réfugié à Saint-Henri avec ses paroissiens pour fuir devant l’arrivée des troupes anglaises. Le 29 juillet, il fut capturé avec 287 de ses paroissiens, hommes, femmes et enfants. Pour servir de boucliers humains, tous furent transportés à bord de deux navires marchands ancrés devant la flotte des vaisseaux de guerre ancrés sous la Pointe-Lévy. Ils furent libérés dans les jours qui suivirent la bataille des Plaines d’Abraham.[19] En janvier 1760, un parti d’éclaireurs français prit position dans la paroisse. Craignant d’être accusé d’avoir collaboré avec l’ennemi, Dufrost s’enfuit et trouva refuge à Montréal. En octobre 1761, il ne reprit sa charge à Pointe-Lévy que seulement après été obligé d’aller s’expliquer chez le gouverneur. Au terme de l’affaire Dodier, le gouverneur se méfiait-t-il toujours du curé Dufrost? En choisissant la ‘’Terre du curé’’ pour y suspendre la cage, Murray avait-il voulu passer de nouveau à ce curé patriote un message subtil en même temps qu’il lançait une sérieuse mise en garde à la population? Suivant la coutume britannique, c’est à Saint-Vallier, près des lieux du crime, que le corps de Marie-Josephte Corriveau aurait du faire l’objet d’une exposition ‘’dans les chaines’’.

     

     

    Cauchemars et épouvante

    Joseph Lemieux, Étienne Gely, Jean-Baptiste Duquet, avaient tous trois leurs habitations dans les environs immédiats où le cadavre de la « veuve Dodier » fut accroché au gibet, Lemieux à l’est de la « Terre du curé », Joly sur cette dernière, et Duquet à l’ouest. Jour après jour, pendant 5 semaines, les membres des trois familles se virent placés malgré eux en première ligne pour se préparer à des cauchemars nocturnes à la vue du vol des oiseaux charognards, à l’écoute du vent qui faisait grincer la cage, à l’odeur du cadavre qui se décomposait. Les passants eux étaient soumis à l’effroi et l’épouvante.

     

    Conclusion

    Les historiens ont raconté que ce furent les requêtes venant de Pointe-Lévy qui décidèrent le gouverneur Murray à autoriser l’enlèvement « du corps de la veuve Dodier de la potence ». Les Lemieux, Gely et Duquet, hommes, femmes et enfants, furent certainement au premier rang des demandeurs. Toutefois, il est possible également que ce fut plutôt la nouvelle du Traité de Paris qui décida finalement le gouverneur à assouplir son administration et à améliorer sa propre image. En 1765, Murray acheta la Seigneurie de Lauzon, à laquelle était rattachée la paroisse de Pointe-Lévy. La seigneurie était l’un des plus beaux et des plus riches domaines de l’ancien Canada.

     

     

    Petite et chétive, Marie-Josephte Corriveau s’était fait justice pendant le sommeil de son mari. Elle livra finalement le mobile de son crime. La loi s’appliqua avec rigueur. La clémence n’existait pas. Le jury militaire qui la déclara coupable imposa la pendaison « dans les chaines » , un châtiment inusité dans l’ancien Canada, le tout dans le but d’apeurer et de soumettre le peuple du pays nouvellement conquis. Cette triste histoire, survenue il y a 250 ans, a donné naissance à une légende fantastique qui traverse les siècles. C’est à Pointe-Lévy au printemps de 1763 que « La Corriveau » est entrée dans la légende.

     

     


    [1]  FARIBAULT, Barthélemy  Mémoire relativement à Marie-Josephte Corriveau, Archives du Séminaire de Québec, polygraphie 27, no 54.

    2. LACOURSIÈRE, Luc, Cahier des Dix, vol 33, p. 231. Traduction de l’auteur : « Marie Josephte Corriveaux, veuve Dodier, déclare qu’elle a assassiné son mari Louis Héleine (Étienne) Dodier dans la nuit pendant qu’il dormait dans son lit, qu’elle l’a fait avec une hachette, qu’elle n’a pas été conseillée ni aidée par quiconque et que personne n’avait été mis au courant; elle est consciente qu’elle mérite la mort et demande seulement à la Cour de lui accorder un peu de temps pour se confesser et faire sa paix avec le Ciel; elle ajoute que c’est en bonne partie à cause des mauvais traitements infligés par  son mari qu’elle s’est rendue coupable de ce crime. » 

    3. NOTE 2,  p. 234. Le registre des sépultures dans le cimetière des pauvres à l’Hôpital général de Québec donne le nom de Marie-Anne Pilet, décédée le 18 mai 1829.

    4. Dont la postérité est de plusieurs milliers de personnes, identifiables sous 250 noms de famille. Source : CORRIVEAU, Serge, Site de généalogie de la famille Corriveau [en  ligne]. [www.famillecorriveau.com/]

    5. Note 2, p. 231. Traduction de l’auteur : « La Cour est d’opinion que la prisonnière Maria Josephe Corriveaux, veuve Dodier, est coupable du crime porté contre elle, et la condamne à subir la mort par la pendaison dans les chaînes à l’endroit que le Gouverneur trouvera adéquat. »

    6.  ROY, Joseph-Edmond. Histoire de la Seigneurie de Lauzon, vol 2, p. 333-339.

    7.  BROWNE, J. P. -  James Murray, Dictionnaire biographique du Canada en ligne, [en ligne].

    [ http://www.biographi.ca/] 

    8.  Voir note 7

    9. [1] ANDREWS, William. Bygone Punishments, London, Andrews and Co. 1899, p. 41. Traduction de l’auteur: « L’habitude du gibet, celle de pendre dans les chaînes le corps du criminel près du site où  avait été commis le crime, comme moyen dissuasif, était une coutume répandue qui prévalait généralement dans l’Angleterre médiévale. » Faute d’une potence, on pendait bien souvent à la fourche d’un grand arbre.

    10. [1] Note 2, p. 236.

    11. [1] ROY, Yvan-M., « Lors de la Conquête devant Québec, des boucliers humains pour protéger la flotte anglaise »La Seigneurie de LauzonÉté 1995, no 58, p. 5-8.

    12.  Archives du séminaire de Québec, fonds Verreault, 42, no 11 et Barthélemy Faribault, Polygraphie 27, no 54.

    13. Situé alors du côté nord-ouest de l’église, le cimetière fut déménagé au tournant de 1850. Les ouvriers découvrirent la cage. Il ne restait que l’os d’une jambe. La cage prit la direction des Etats-Unis où elle fut localisée par Claudia Méndez en décembre 2001 dans les entrepôts du  Peabody Essex Museum, à Salem, Massachusetts. Elle en a fait la description suivante : « Ce n’est pas une cage à proprement parler, mais plutôt un exosquelette en fer noir, ajusté au corps par des bandes trouées comme des lanières en fer forgé et qui épousent parfaitement les formes du corps d’une très petite femme. »

    Source : La Seigneurie de Lauzon, no 124, Hiver 2012

    14. Journal La Patrie, 24 février 1885.  [en ligne]. [ http://www.crif.ca/textes/reliques.htm]

    15. Le 8 juin 1765. Pour établir le tracé de la ‘Petite route’’, le grand voyer François-Joseph Cugnet planta un drapeau au sommet de la côte de la Cabane-des-Pères et un autre au coin du verger qui se trouvait sur la « Terre du curé », elle-même située  à l’ouest de l’Église de Pointe-Lévy.

    Source : Histoire de la Seigneurie de Lauzon, vol 3., p. 21 

    16.  La terre de Joseph Carrier  a d’abord donné naissance à  la petite rue Saint-Laurent,  aujourd’hui, les rues Foisy et Saint-Maurice.  

    17. Joseph Carrier (1718-68), cousin germain du capitaine Jean-Baptiste Carrier,  tenait cette terre de son père Jean Carrier (1691-1749) et de son grand-père Jacques Samson (1646-99).   

    Source : ROY,  Yvan-M. , « Jean Carrier, maître canotier…», La Seigneurie de Lauzon, no 119, Automne 2010, , p. 13.    

     

    18.  BOURGET-ROBITAILLE, Gaétane, Le terrier de la Seigneurie de Lauzon (1765), Société d’histoire régionale de Lévis, 2005, p. 59-60. Depuis 1721, les curés de Pointe-Lévy louaient cette terre à des tiers, la fabrique conservait la nue propriété.

    19. [1] ROY, Yvan-M., « Lors de la Conquête devant Québec, des boucliers humains pour protéger la flotte anglaise », La Seigneurie de Lauzon, Été 1995, no 58, p. 5-8. 

     


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