• Arrêtez les travaux du Musée                                       (1985)

     

    [Lettre au ministre Clément Richard des Affaires culturelles du Québec, publiée dans Le Soleil, le 12 février 1985]

     

    Par un samedi d’automne 1984, contre les recommandations du ministre des Affaires culturelles du Québec, la Société immobilière du Québec procédait à la démolition du rez-de-chaussée de la maison Pagé-Quercy sur le site désigné pour l’érection du Musée de la civilisation.

     

    Le 1er février 1985, dans un article du journal LE SOLEIL, signé par Léonce Gaudreault, nous avons appris que la Société immobilière demeurait non seulement maître d’œuvre pour la construction, mais également responsable des fouilles archéologiques sur le terrain.

     

    Étant intéressé par la mise en valeur de notre patrimoine, je ne peux comprendre comment vous pouvez tolérer que sous votre ministère quelqu’un puisse confier la garde temporaire d’objets culturels à un tiers qui a démontré dans l’exercice de ses propres responsabilités, soit une incompétence flagrante, soit une effronterie sans pareil à l’égard de nos institutions gouvernementales.

     

    L’archéologue de la Société immobilière a raconté qu’on lui a confié le devoir de protéger ce véritable « cimetière »  de patrimoine. Ce dernier dirige une équipe d’une douzaine d’archéologues qui s’affairent à mettre à jour deux embarcations d’environ trente pieds de longueur. L’archéologue explique ces présences le long des quais anciens en avançant l’hypothèse qu’on avait l’habitude à cette époque de faire couler les bateaux inutiles. Il avance qu’au cours de février, sa responsabilité sera de nouveau mise à rude épreuve puisque le constructeur Janin entreprendra la deuxième et dernière phase d’excavation précisément sur un emplacement voisin (au sud de la maison Estèbe), où fut localisé un riche et important dépôt d’objets anciens. Son équipe devra surveiller attentivement le travail des pelles mécaniques et pendant quelques heures, l’archéologue aurait le pouvoir d’arrêter l’excavatrice, le temps de dégager « à la mitaine » les précieux témoins.

     

    L’hypothèse avancée concernant le sabordage volontaire des barques peut difficilement être soutenue pour la raison suivante : l’amirauté de Nouvelle-France n’aurait pas toléré le sabordage de barques en un lieu d’ancrage face aux quais les plus achalandés de la ville. L’ancre et le câble d’un navire étaient ce qu’il y avait de plus cher et de plus précieux; les vieilles carcasses étaient un risque de perte pour les navires en attente dans la rade.

     

    Durant le régime français, l’état des quais à Québec permettait difficilement, en raison des fortes marées, aux navires lourdement chargés d’approcher suffisamment pour effectuer les transbordements. C’est ainsi que des barques se chargeaient de faire la navette entre les navires en rade et les quais de la ville. Ces derniers devaient tirer à peine quelques pieds à marée basse. Il est fort possible que certaines barques aient sombré avant d’atteindre leurs destinations, et ce en raison des caprices du temps, de leur charge excessive ou de leur pauvre état de flottabilité. Cela pourrait expliquer également la présence d’autant de vestiges dans les environs immédiats.

     

    Parce que c’est nous qui en fin de compte paierons la facture de trente millions, je crois que nous avons le droit de dire publiquement notre insatisfaction. Parce que nous ne voulons pas être la risée de la communauté scientifique, je crois donc, monsieur le ministre, qu’il serait sage et opportun de mettre un terme temporairement à la construction du Musée de la civilisation, le temps de confier au personnel compétent le soin de récupérer selon les règles de la science archéologique ce qui mérite d’être récupéré. Le mât du Stade olympique montréalais attend d’être érigé depuis dix ans, vos fonctionnaires peuvent bien attendre quelques mois pour occuper leur palais. En fin de compte, ce n’est pas parce que les Montréalais sont malgré eux la risée de l’Amérique que nous, Québécois, devrions nécessairement partager leur sort.

     

    Yvan-M. Roy

     

    [ Dans Le Soleil (12.02.85) une photographie signée Gilles Fréchette accompagnait la lettre avec le texte suivant : Les travaux de construction du Musée de la civilisation à Québec font affronter deux écoles de « pensée » d’archéologie : les archéologues qui voudraient avoir le temps d’y travailler et les autres pour qui le temps de la machine passe avant tout. ]

     

     


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  •  AVANT-PROPOS :  Ce livrel (E-Book) à compte d’auteur est publié pour souligner la contribution exceptionnelle de François Lemieux, avocat et député du comté de Lévis, et celle de Léon Roy, notaire et premier secrétaire-trésorier, lors des événements qui ont entouré l’incorporation de Lévis en 1861.

     Lévis, ce 18 mai 2011           

     

     

    Yvan-M. Roy                                                                                DROITS RÉSERVÉS

     yvanmroy2011@yahoo.ca 

     

     

     SOURCES : La lecture des journaux publiés à Québec entre janvier et mai 1861 permet de constater que l’incorporation de la ville de Lévis fut le résultat du travail soutenu du député de Lévis, François Lemieux, aidé dans l’ombre par Léon Roy, notaire. Les journaux de l’Assemblée législative du Canada-Uni indiquent que malgré une forte opposition, François Lemieux réussit à convaincre l’Assemblée et le Conseil législatif du bien-fondé de la mesure. Une transcription partielle d’un manuscrit de Joseph-Edmond Roy, maire de Lévis de 1895 à 1900, illustre le contexte qui a précédé et entouré l’incorporation.

     

     

     CHAPITRE PREMIER

     

     L’INCORPORATION DE LÉVIS

     

     

    Aubigny et la paroisse Notre-Dame de la Victoire

     

     En 1818, John Caldwell,  seigneur de Lauzon, avait voulu créer devant Québec un centre de villégiature portant le nom d’Aubigny, à quelque 5 kilomètres à l’ouest de l’église de Saint-Joseph-de-la-Pointe-Lévy. À cette époque, la paroisse de Pointe-Lévy occupait la rive du fleuve Saint-Laurent sur une distance de 15 kilomètres, soit tout l’espace entre la rivière Chaudière et les limites de la paroisse de Beaumont. L’église de  Saint-Joseph était située sur les hauteurs du Cap-Lévy, à 6 kilomètres des limites de Beaumont. En 1838, afin de favoriser la fréquentation aux offices religieux, l’évêque de Québec permit de détacher le territoire situé entre l’embouchure des rivières Etchemins et Chaudière pour ériger  la paroisse de Saint-Romuald. En 1842, Joseph-David Déziel fut nommé curé de la paroisse de Pointe-Lévy. Déziel se rendit bien compte que le cœur économique de Pointe-Lévy s’était déplacé vers  l’ouest et qu’une forte agglomération s’était créée aux environs de l’endroit appelé « Aubigny » par les anglophones et « le Passage » ou « la Traverse » par les francophones.  Vers 1849, un groupe de paroissiens demanda  à l’évêque la permission d’y construire une église succursale. Une fois la construction de l’église terminée, ces paroissiens demandèrent de créer une nouvelle paroisse autour de l’église succursale. Le décret d’érection de Notre-Dame de la Victoire fut signé par l’évêque le 13 novembre 1851.  Déziel quitta alors la cure de Saint-Joseph pour aller occuper celle la nouvelle paroisse. Il entreprit la construction d’un collège et d’un couvent. Son dynamisme se transposa sur les paroissiens. Pendant trente ans, il fit preuve d’un dévouement sans borne aux intérêts spirituels et temporels de ses paroissiens. Quelques jours après son décès survenu le 23 juin 1882,  la Chambre de commerce de Lévis adopta la résolution qui suit :

     

    « Que la part que Mgr Déziel n’a jamais cessé de prendre dans le progrès et le développement matériels de la ville de Lévis, dont il doit être considéré juste titre comme le fondateur, assure à sa mémoire le respect le plus entier et la reconnaissance la plus complète. » 

     

    L’Institut Canadien-Français, l’Assemblée des paroissiens, le Conseil de ville, tous unanimement votèrent des résolutions attribuant à Joseph-David Déziel le titre de fondateur de Lévis.   Le Quotidien lança l’idée de faire ériger, au centre du carré devant l’Église, une statue de Mgr Déziel, avec la simple inscription : Mgr Déziel, fondateur de Lévis.

     


     

    Le comté de Lévis

     

    En 1792, les citoyens de la rive droite devant Québec furent regroupés dans le comté de Dorchester . Puis, le 14 juin 1853, le comté de Dorchester fut divisé en trois, avec le résultat qu’un comté en front sur le fleuve allait porter le nom de Lévis, les deux autres en arrière pays, Dorchester et Beauce.

     

    Depuis 1847, François Lemieux siégeait comme député de Dorchester. Lemieux était un avocat fort distingué du barreau de Québec. Le 8 juillet 1854 eut lieu la première élection d’un député  suivant la création du comté. Il n’y eut pas de lutte, François Lemieux fut élu par acclamation. Le 27 janvier 1855, Lemieux fut nommé commissaire des travaux publics dans l’administration Macdonald. Le 10 juin 1855, il fut de nouveau élu par acclamation. 


    L’historien Joseph-Edmond Roy a écrit :

     

    L’honorable François Lemieux était alors un des hommes politiques les plus populaires de la région de Québec. Les journaux du temps rapportent qu’il pouvait faire élire qui il voulait dans quatre ou cinq comtés de ce district. Ce n’était point un orateur, mais il était bon, doux, serviable pour tous. Il ne savait rien refuser à qui lui demandait. Jurisconsulte de grande réputation, son étude était très fréquentée, et ses électeurs étaient toujours certains d’y obtenir gratuitement tout ce qu’ils désiraient. 

     

    S’il fallait attribuer à quelqu’un le crédit concernant l’attribution du nom de Lévis à la nouvelle division électorale, c’est à François Lemieux que l’honneur devrait revenir. Il était le député en fonction au moment du démembrement de Dorchester et il jouissait d’une grande influence auprès du parti ministériel. 

     

     

    La municipalité de la paroisse Notre-Dame de la Victoire

     

    Dès 1840, le gouvernement des Provinces Unies ( Haut-Canada et Bas-Canada) avait cherché vainement la mise en place de corporations locales comme premières véritables institutions municipales. La population ne voyait là que « des machines à taxer ».  En 1855, le parlement vota l’Acte des municipalités et des chemins du Bas-Canada. La loi constitua d’un seul coup  en municipalités locales toutes les paroisses religieuses ayant plus de 300 personnes. C’est ainsi que le 1er juillet 1855 fut créée la municipalité de paroisse de Notre-Dame de la Victoire sans volonté manifeste des résidents.  En même temps, 392 autres municipalités de paroisse voyaient le jour partout au Bas-Canada. Ce fut clairement l’expression d’une volonté gouvernementale interventionniste prévalant sur la volonté populaire.

     

    Le 23 juillet suivant l’adoption de cette loi, des élections eurent lieu dans la nouvelle municipalité de Notre-Dame pour combler les postes de conseillers, au nombre de sept. La première réunion du nouveau conseil eut lieu le 6 août.  Les conseillers se choisirent parmi eux le maire, le docteur Joseph-Goderic Blanchet. Par la même occasion, ils votèrent l’engagement du notaire Léon Roy pour occuper la fonction de secrétaire-trésorier. 

     

     

    Blanchet et Lemieux s’affrontent pour la première fois

     

    Le 29 décembre 1857, l’honorable François Lemieux se présentait comme libéral-conservateur devant les électeurs du comté de Lévis. Cette fois, le docteur Blanchet lui fit la lutte en se réclamant du parti démocrate. Lemieux l’emporta par 422 voix de majorité. La bataille fut très chaude.

     

    Joseph-Edmond Roy a raconté que Léon Roy avait été placé devant un choix difficile :

     

    « Mon père ne fut jamais un partisan politique bien enthousiaste. Il se contentait d’ordinaire d’aller donner sa voix au poll , et c’est tout…. Comme je l’ai dit déjà, il appartenait au parti libéral-conservateur et appuya l’honorable François Lemieux. 

     

    En ces temps là, l’expression du choix électoral était faite publiquement. Il n‘y avait que deux bureaux de scrutin dans tout le comté, l’un à Saint-Nicolas, l’autre à Saint-Henri. Les électeurs se présentaient au bureau de scrutin. Chacun devait à haute voix déclarer au greffier le candidat de son choix. Le secrétaire-trésorier Roy de la municipalité de Notre-Dame avait donc voté ouvertement « au su et au vu » de tous contre le maire du conseil qui l’avait engagé. Les conséquences n’allaient pas tarder.

     

    Deux semaines plus tard eut lieu le scrutin pour le premier renouvellement du conseil  de Notre-Dame. Voici comment Joseph-Edmond Roy a relaté l’événement :

     

    « …le 12 janvier (1858) avaient lieu les élections municipales du conseil de Notre-Dame. Les têtes étaient montées, les esprits échauffés. On s’attendait bien qu’il y aurait du tapage. Mon père devait nécessairement assister à l’élection. C’est lui, qui comme secrétaire, devait prendre les votes.

     

    Le docteur Blanchet avait pour lui la majorité de l’ancien conseil et il tenait à la conserver. D’un autre côté, les amis de M. Lemieux, tout fiers encore de leur victoire, entendaient bien l’emporter cette fois-ci, au niveau municipal. 

     

    Mon père venait à peine d’inscrire les premiers votes, qu’une bagarre s’éleva. La maison de poll fut envahie et on voulut lui enlever ses papiers. Mon père déchira les feuilles du cahier de votation où étaient inscrits les votes reçus et put s’enfuir au milieu de la foule jusque chez lui. Le docteur Blanchet, alors maître de la situation, s’improvisa un bureau de scrutin et fit élire tous ses amis.

     

    Le 18 janvier, le nouveau conseil se réunissait. La première résolution qu’il adopta fut pour destituer son secrétaire dont l’honnêteté et la franchise lui déplaisaient. 

     

    On conçoit que cette élection remportée par la violence dût être contestée devant les tribunaux. Le 26 mars 1858, le juge Chabot déclara que l’élection du mois de janvier précédent était radicalement nulle. Il fallut donc tout recommencer. Le même conseil fut réélu, et mon père dut se résigner au sort injuste qu’on lui avait fait. » 

     

     

    Curieusement, le 22 avril suivant, le conseil de Notre-Dame demanda par résolution à l’Assemblée du Canada-Uni le vote au scrutin secret pour l’élection des membres du Parlement et celle des conseillers municipaux. 

     

     

    Une requête en démembrement

     

    En 1861, la jeune municipalité de Notre-Dame de la Victoire entrait dans la 6e année de son existence lorsqu’un défi inattendu vint compromette la paix relative qui s’était établie après l’épisode tumultueux des élections de 1858.

     

    Le 14 février 1861, le greffier de l’Assemblée législative avait fait publier dans Le Canadien un avis dans lequel il informait les personnes intéressées à présenter à l’Assemblée des projets de lois privés qu’elles seraient requises de donner un avis de deux mois dans la Gazette du Canada ainsi que dans un journal anglais et français. 

     

    Ainsi donc, le 11 mars suivant, le Canadien publiait un avis indiquant qu’une demande serait faite à l’Assemblée pour diviser la municipalité de Notre-Dame de la Victoire « afin de former un village devant être appelé QUEBEC SUD ».   Les bornes du village proposé devant être le fleuve Saint-Laurent au nord-ouest, en arrière, les propriétés situées à la cime du cap, au nord-est, la côte Davidson , et au sud-ouest, la paroisse de Saint-Romuald. Notre-Dame allait ainsi perdre une importante partie de son assiette foncière, soit la taxation ou l’imposition des entreprises ferroviaires et portuaires de la compagnie du Grand Tronc, sans oublier celles de plusieurs sociétés impliquées dans la construction de navires et l’expédition de bois vers l’Angleterre. La requête sera présentée aux législateurs sous l’appellation  «  Requête de William Rhodes et autres... »

     

     

    Une contre-requête

     

    La réaction vint deux semaines plus tard, le 28 mars, alors que le Journal de Québec publia un avis annonçant une deuxième demande pour diviser la municipalité de Notre-Dame de la Victoire…’’ afin de former une ville qui sera appelée Lévis.’’  La demande avait pour objet de conserver dans la nouvelle ville toutes les propriétés de Notre-Dame en bordure du fleuve et d’amputer vers le sud plus des cinq-sixièmes de la superficie, soit pratiquement toute les terres débutant au sud du chemin public jusqu’aux limites de la paroisse de Saint-Henri. La requête venait ainsi contrer la requête de William Rhodes parce qu’elle impliquait la conservation de tout le territoire en bordure du fleuve. Puisque le premier nom apparaissant sur la requête était celui de Duncan Anderson, le greffier de l’Assemblée la désignera sous la mention : «Requête de Duncan Anderson et autres… ». 

     

     

    Diviser pour régner

     

    La stratégie qu’avaient adoptée les citoyens qui s’étaient groupés pour s’opposer à la création du village de Québec-Sud était fondée sur la maxime « diviser pour régner ». Il fallait isoler ceux qui auraient été tentés d’appuyer la requête Rhodes.

     

    C’est ainsi que la signature du Révérend Duncan Anderson se trouva en tête de liste de la contre-requête. Il s’agissait d’une stratégie pour donner le signal à la communauté anglophone de la haute-ville de suivre la voix de leur pasteur. C’était également un message à l’intention des parlementaires que l’unité n’était pas faite chez les anglophones autour de la requête Rhodes pour la création du village de Québec-Sud.  

     

    Les entreprises du capital  anglo-saxon étaient principalement localisées en bordure du fleuve. Cependant, de nombreux anglo-saxons habitaient les plateaux qui bordent la falaise de Notre-Dame. Il y avait même sur les plateaux, à quelques minutes de l’église catholique, deux autres églises, l’une Anglicane, l’autre Presbytérienne. La requête Anderson indiquait clairement que l’intérêt des paroissiens anglo-saxons rejoignait  celui des francophones. 

     

     

    Un appui pour la requête Anderson

     

    Le 11 avril suivant, le Journal de Québec publia un manifeste à l’appui de cette contre-offensive. L’auteur qui avait signé « un ami du Progrès »  fit une description particulière de Notre-Dame, des avantages de la Pointe-Lévis, de la grande dynamique du commerce et de l’industrie maritime. L’auteur insista sur la nécessité d’améliorer les communications fluviales avec la ville de Québec et d’établir à Pointe-Lévis un marché public profitable à toute la population de la rive sud du fleuve :

     

    « Faites que l’on se transporte de Québec à la Pointe-Lévis dans un aussi court temps et avec autant de facilité que l’on passe de la Haute-Ville au faubourg Saint-Jean ou à Saint-Roch de Québec et ne doutez plus de la prospérité et de l’avenir de la Pointe-Lévis.

     

    Depuis longtemps, le besoin d’un marché public au passage se fait sentir.  Eh! Bien, dès l’instant qu’une traverse facile aura conduit de ce côté le plus grand nombre possible de consommateurs, cette mesure deviendra indispensable; et tous les districts et townships du Sud viendront étaler avec complaisance leurs riches produits sur ce marché tant désiré, auquel ils seront comme autant de ressources inépuisables d’alimentation dans toutes les saisons de l’année. »

     

     « L’ami du Progrès » prétendit que la requête pour créer la ville de Lévis jouissait d’un appui majoritaire. C’était probablement vrai jusqu’à la publication du manifeste. Cependant, l’idée d’un marché public et le projet d’améliorer le transport par traversier allait soulever des remous au sein de la population francophone, notamment chez les canotiers qui, depuis deux siècles, avaient établi leur commerce en fonction du marché de la Basse-Ville à Québec.

     

     

    Une demande en opposition

     

    Le 24 avril, une voix s’éleva dans le journal Le Canadien pour démolir les arguments avancés la semaine précédente par « L’ami du Progrès » .  L’auteur s’étant présenté comme « L’ami sincère du Progrès » prétendit que   les deux tiers de la population de Notre-Dame se refusaient à l’incorporation de leur municipalité. Il annonça le dépôt au Parlement d’une demande en opposition pour obtenir le rejet des requêtes Rhodes et Anderson.

     

    Il exposa qu’il y avait trois lieux (ou localités) bien identifiés dont les intérêts étaient mis en cause, soit les environs de la « station du chemin de fer », la route communément appelée « la route du Passage » et celui « de la Petite Route »  qui formait un tiers de sa population ; et l’auteur de continuer : «  avant l’établissement du chemin de fer et de la ligne régulière par eau tenue depuis quelques années, [la Petite Route] avait l’avantage de faire le commerce avec presque tous les habitants que l’on compte jusqu’à Rimouski. »…et d’ajouter : « Serait-il juste alors et honnête d’incorporer malgré elle une aussi pauvre population, de  lui imposer des charges onéreuses et de l’obliger à payer des taxes qui ne lui seront d’aucun profit, vu sa grande distance des autres localités, et qui encore plus tard ne lui rapporteront que de nouveaux impôts ? »

     

    La Petite Route (de la cabane des Pères) était depuis des générations l’endroit de résidence des canotiers de Pointe-Lévy. Ces derniers voyaient la création d’un marché à Lévis et l’amélioration des services traversiers comme une menace à l’exercice de leur métier traditionnel. 

     

     « L’ami sincère du Progrès »  termina en signalant que Notre-Dame possédait plusieurs avantages qu’il faudrait chercher à lui conserver en dépit des efforts incessants « d’une douzaine d’individus, dont au moins la moitié convoite les places et les situations que devra créer cette corporation ».

     

     

    Ouverture de la session, introduction des requêtes et adoption de la charte de Lévis

     

    À l’ouverture de la session, le 11 avril 1861,  les députés réunis en Chambre entendirent la requête pour la création du « Village de Québec-Sud » et celle concernant « La Ville de Lévis ».

     

    Le 16 avril, François Lemieux, député, recevait la permission de l’assemblée pour l’introduction d’un projet de loi visant l’incorporation de « La ville de Lévis ». Le même jour, le député David Edward Price recevait la permission d’introduire un autre projet de loi pour incorporer «  Le village Québec-Sud ». 

     

    Le 19 avril, l’assemblée recevait la requête de « Georges Couture et autres » demandant que la pétition de « Duncan Anderson et autres » et celle de « William Rhodes et autres » ne soient pas écoutées.

     

    Le 22 avril, une seconde requête de la part de « F.-X. Thompson et autres » venait demander cette fois uniquement le rejet uniquement de la requête « Duncan Anderson et autres».  Lemieux proposa sans succès le rejet de cette requête.

     

    Le 24 avril, une troisième requête de « Pierre Drapeau et autres » fut déposée demandant que la requête de « William Rhodes et autres » ne soit pas accordée.

     

    Le 6 mai,  une quatrième requête de « Louis Bégin et autres » fut déposée demandant que la requête de « Duncan Anderson et autres » ne soit pas accordée.

     

    Le 10 mai, une cinquième requête de « George Berwick et autres » vint demander que le projet de loi pour incorporer la ville de Lévis ne soit pas passé.

     

    Le 14 mai, la Chambre, en conformité de l’ordre, se forma en comité sur le projet de loi pour incorporer la ville de Lévis afin que la lecture pour la troisième fois soit faite dans les jours suivants.

     

    Le 16 mai, l’acte pour incorporer la ville de Lévis fut mis aux voix sur proposition de François Lemieux, appuyé par Dunbar Ross; la question sur division de la Chambre fut adoptée. Le projet fut alors porté au Conseil Législatif.

     

    Le 17 mai, le Conseil Législatif demanda à la Chambre de prendre en considération un amendement qui aurait eu pour effet d’exempter de taxes «  les quais, stations, appentis, bâtiments, emplacements de station, gare d’évitement et toutes autres propriétés et immeubles appartenant à la compagnie du chemin de fer du Grand Tronc du Canada. »

     

    Le 18 mai, la Chambre fut réunie de nouveau et  les députés entendirent  en seconde lecture l’amendement amené par le Conseil législatif;  la question de l’exemption de taxes fut mise aux voix et rejetée. La Chambre forma alors un comité spécial pour préparer les raisons à transmettre au Conseil législatif pour expliquer le refus. Le comité spécial était composé des honorables MM. Lemieux, Cauchon, McDougall, Langevin et Alleyn. De retour à la Chambre, François Lemieux parlant au nom du comité fit rapport des raisons sur lesquelles le comité s’était entendu :

     

    1. Parce que les parties intéressées à la dite incorporation n’ont jamais eu l’intention d’exempter du contrôle et de la taxation municipale les propriétés du Grand Tronc;
    2. Parce que cette exemption est incompatible avec le système municipal et injuste en principe, et créerait un précédent dangereux que cette Chambre ne voudrait pas sanctionner, et qu’en outre le système de taxer les propriétés de chemin de fer, est amplement et justement pourvu par l’acte municipal du Bas-Canada.

     

    La Chambre adopta alors les raisons proposées et il fut ordonné que l’Honorable M. Lemieux se rende au Conseil législatif pour y déposer la réponse de la Chambre. François Lemieux s’exécuta alors et le Conseil législatif abandonna finalement son amendement.  

     

    Avant la levée de l’assemblée, le Gouverneur général fit appeler les députés pour qu’ils assistent à la cérémonie entourant la sanction royale des lois adoptées au cours de la session; l’Acte pour incorporer la ville de Lévis se trouvait au dernier rang de la liste.   

     

    Ce jour marqua le triomphe de François Lemieux. Grâce à son expérience parlementaire et après avoir obtenu l’adhésion de ses collègues ministériels, la requête pour la création du village de Québec-Sud fut écartée, et les nombreuses mesures d’opposition à la création de la ville de Lévis avaient été rejetées.

     

    La municipalité de Notre-Dame survivait amputée du territoire de la nouvelle ville de Lévis.  Le maire Blanchet de Notre-Dame qui résidait en plein centre de la nouvelle ville avait perdu sa qualification pour demeurer maire de Notre-Dame. Blanchet était ambitieux. Il allait bientôt réagir.

     

     

    Élection provinciale dans le comté de Lévis

     

    Le Parlement fut dissout à la clôture de la session. Le jour du scrutin fut fixé pour le 10 juillet, soit vingt jours avant la première élection municipale de Lévis. Si l’ex-maire de Notre-Dame avait l’intention de poursuivre une carrière en politique, il se trouvait placé devant le choix de poser sa candidature aux postes suivants, soit celui de conseiller de la nouvelle ville, soit au poste de député. Il prit la décision de se porter candidat contre François Lemieux.

     

     

    Victoire du docteur Blanchet ...

     

     (pour la suite, présentez la demande à:          yvanmroy2011@yahoo.ca )

     

     

     


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  • [Commentaire publié le 8 août 2008 dans le blog du journal Le Devoir suite à un article publié par Sylvain Cormier à l’occasion du 20e anniversaire du décès de Félix Leclerc]

     

     

    L'île d'Orléans, notre fleur de Lys...e

     

    L'hommage à Félix présenté par Espace Musique ce 8 août courant nous met '' En garde! '' afin de veiller à la préservation du caractère fondamental de l'île d'Orléans.

    1975 - Le Tour de l'isle - Félix Leclerc 1er couplet



    Pour supporter
    Le difficile
    Et l'inutile
    Y a l'tour de l'île
    Quarante-deux milles
    De choses tranquilles
    Pour oublier
    Grande blessure
    Dessous l'armure
    Eté, hiver
    Y a l'tour de l'île
    L'Île d'Orléans

    1928 - L'Île d'Orléans - Pierre-Georges Roy, 1er archiviste du Québec (Monographie publiée par le gouvernement du Québec)

    « De tous les coins de la province de Québec, il n'en est pas de plus pittoresque que l'île d'Orléans. Les écrivains ont raconté son histoire, les poètes ont chanté ses charmes, les peintres ont reproduit sur la toile ses gracieux paysages. En effet, toutes les beautés de la nature canadienne semblent s'être donné rendez vous en cet endroit privilégié. »

    1815 - Dictionnaire topographique du Bas-Canada - Joseph Bouchette, arpenteur général

    « Sur la pointe occidentale (*), il y a un groupe de très jolies maisons, dont les habitants fournissent toute sorte de commodités aux nombreuses personnes qui visitent l'île pour leur amusement ou par curiosité, tant dans l'été que dans l'hiver. » (*) Sainte-Pétronille d'Orléans.

    Observation: L'île d'Orléans est située sur le fleuve Saint-Laurent à 10 kilomètres en aval de Québec. Le caractère de l'île se révèle au contact des fermes ancestrales et se poursuit dans l'observation des panoramas grandioses qui s'étendent sur ''quarante deux milles de choses tranquilles''.

    Des intérêts globaux projettent d'installer à Lévis un port de transbordement et un terminal de GNL (Gaz naturel liquéfié - dimensions stade olympien) pour l'approvisionnement d'une clientèle nord-américaine , à 2 kilomètres au sud de l'île d'Orléans. Ajout vers l'ouest d'un parc industriel lourd directement sous la vue de Sainte-Pétronille d'Orléans.

    Retour au 5e couplet - 1975 - Le tour de l'Isle - Félix Leclerc

    L'Île d'Orléans

    Un dépotoir
    Un cimetière
    Parcs à vidanges
    Boîte à déchets
    U. S. parkings
    On veut la mettre
    En mini-jupe
    And speak English
    Faire ça à elle
    L'Ile d'Orléans
    Notre fleur de Lys...e

    Commentaire: Samedi le 2 août 2008, au théatre Maisonneuve de la Place des Arts à Montréal, les Major, Lamothe, Moran, Pellerin, Boucher, Champagne, Deyglun, Lapointe, Miville-Deschèsne, Séguin, Rivard, tous artistes et gens de scène, ont rendu hommage à l'homme Félix. Combien ont descendu le fleuve jusqu'ici pour défendre l'île de Félix, notre fleur de Lys...e, le berceau de notre nation, contre le projet RABASKA de Gazprom, Gaz de France, Enbrige, et Gaz Métro ?

    Combien ?

    Yvan-M. Roy
    Québec-Lévis


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  • Lévis, le  10 août 2011

     

     

    M. David Gagné, secrétaire                                                              PAR COURRIEL

    Comité de démolition

    Ville de Lévis,

    996, rue de la Concorde

    Lévis (Saint-Romuald)

    G6W 5M6

     

     

    Objet : Opposition à l’émission de deux permis de démolition : 2 bâtiments attachés portant les numéros civiques 36/38 et 40/40A, Côte-du-Passage, Lévis, respectivement lots cadastraux 2 433 301 et 2 433 303

    __________________________________________________________

     

     

    M. le secrétaire,

     

    Je, soussigné, désire inscrire mon opposition à la démolition des bâtiments mentionnés à l’objet.

     

    J’entends d’abord démontrer dans mon opposition que la structure des immeubles n’est pas atteinte irrémédiablement. En second lieu, je demande l’application d’une règle stricte qui viendra protéger l’image du Vieux-Lévis et conserver l’environnement des immeubles que plusieurs membres de ma famille ont acquis ou construits depuis 1852 dans l’ancien lieu nommé « Aubigny », aujourd’hui « Vieux-Lévis », particulièrement au numéros civiques 20/22, Côte-du-Passage (1845),  1/4/6/8, rue Wolfe (1910/1890), et finalement 12, rue Wolfe (1870). Tous des immeubles qui contribuent à la valorisation de l’image du « Vieux-Lévis ». Je suis propriétaire du 20/22, Côte-du-Passage, immeuble situé  à moins de 40 mètres des immeubles mentionnés à l’objet.

     

     

    A)       QUANT AU FOND DE LA DEMANDE :

     

     L’opposant soussigné a fait une reconnaissance extérieure des immeubles à deux reprises, soit le 21 juin et le 17 juillet 2011.

     

    4        Le 21 juin, la Côte-du-Passage était éventrée de sorte qu’il était possible de voir que la machinerie avait dénudé le terrain devant les immeubles et que les solages sous les façades reposaient directement sur le roc solide;

    5        Pendant le mois de juin, pendant deux semaines, l’opposant a constaté qu’une pelle mécanique géante a creusé dans le roc au moyen d’un énorme croc d’acier  jusqu’à 6 mètres devant les deux bâtiments sans causer l’effondrement qui était appréhendé;

     

    6          Les murs latéraux en brique des immeubles ne laissent pas voir de lézardes suite à l’action du croc de la pelle mécanique;

    7        L’arrière de chacun des bâtiments est solidement appuyé sur deux étages contre des annexes qui agissent comme de véritables contreforts;

     

    8        La façade du 36/38 a déjà été l’objet d’une mauvaise réparation suite à un choc causé par un fardier; la ville de Lévis devrait apporter une aide financière au propriétaire afin de restaurer la partie avant du bâtiment;

     

    9        Il est possible de remédier à la situation présente sans procéder par la démolition;

     

    10    Le 40/40A laisse voir un manque d’entretien, mais la façade et la structure apparaît solide et rien ne justifie sa démolition;

     

    11    Les bâtiments n’ont pas été l’objet de sinistres;

     

    12    La Côte-du-Passage (Ferry Hill), où  sont situés ces immeubles, figure sur le plan de la Ville d’Aubigny (1818 et 1848);

     

    13    Les bâtiments sont  situés dans le secteur historique du Vieux-Lévis qui avait fait l’objet d’une reconnaissance lors de l’adoption du Plan d’urbanisme il y a 20 ans;

     

    14    Les bâtiments sont situés sur la principale voie d’accès de milliers de touristes piétonniers;

     

    15    La façade des bâtiments et le mur latéral nord-ouest apportent une contribution spéciale au patrimoine immobilier ancien;

     

    16    L’historien Roch Samson a indiqué que vers 1880, Lévis se classait au 3e rang des villes industrielles du Québec, derrière Montréal et Québec;

     

    17    Les bâtiments reflètent le dynamisme de Lévis vers la fin du 19e siècle;

     

    18    Les bâtiments sont des œuvres architecturales qui contribuent à exposer de manière exceptionnelle l’image de marque  du Vieux-Lévis;

     

    19    Les bâtiments tombent sous la vue de tout observateur qui se trouve posté au kioske nord de la terrasse Chevalier de Lévis;

     

    20    La terrasse Chevalier de Lévis est le principal point d’observation de l’ancien « Aubigny » et de l’actuel « Vieux- Lévis »;

     

    21    Les bâtiments sont situés à 100 mètres de l’emplacement où le 6 août 1861, la ville de Lévis a tenue la première assemblée de son conseil;

     

    22    La délivrance d’un permis de démolition pour l’un ou l’autre immeuble sans raisons fondamentales établira un précédent et entraînera le droit pour tout propriétaire d’un immeuble dans le périmètre  du Vieux-Lévis à demander la démolition de son édifice pour maximiser la superficie de son terrain au dépens du consensus établi par la population;

     

    23    Lévis, connu anciennement sous le toponyme « Pointe-Lévy »,  est le plus ancien établissement européen de la rive droite du Saint-Laurent;

     

    PREMIÈRE CONCLUSION :

     

    Les demandes doit être rejetées parce que la structure de chacun des bâtiments n’est pas compromise irrémédiablement. Les deux bâtiments apportent une contribution très spéciale à la compréhension et la promotion du Vieux-Lévis.

               

     

    B)               LE CONTEXTE ET LA RÈGLE :

     

    24        Le contexte actuel où se trouve le comité de démolition au moment de décider de la demande;

     

    Alors que depuis 20 ans, les 10 plus importantes villes du Québec ont adopté des plans particuliers  d’urbanisme (PPU) afin de protéger et mettre en valeur leur centre-ville, la  ville de Lévis (au 8e rang) a adopté un plan d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA) et un plan d’aménagement d’ensemble (PAE). Cependant, Lévis a grossièrement négligé d’adopter un PPU. Ainsi, les projets de rénovations des petits propriétaires d’immeubles patrimoniaux du Vieux-Lévis sont soumis à l’application d’une réglementation sévère afin de maintenir le caractère spécial du Vieux-Lévis (la règle des PIIA), rigueur à laquelle l’opposant soussigné a été soumis à deux occasions depuis 2004. En l’absence de PPU, lorsqu’il s’agit d’un réaménagement des lots et de constructions majeures, les développeurs ont beau jeu, et avec leurs millions, ils ont réussi jusqu’ici à modifier sensiblement l’image du Vieux-Lévis. Jusqu’à date, la ville de Lévis a cédé et  jamais les projets majeurs ne sont venus consolider l’image de marque, au contraire, les gabarits de quatre projets[1] ont apporté une démesure grave et sérieuse, et la présence de longues baies vitrées et de balcons en saillie apporte une touche de modernisme qui est carrément refusée aux propriétaires de petits bâtiments patrimoniaux. Il est injuste que Lévis ait ainsi introduit la règle de « Deux poids, deux mesures », c’est vraiment déplorable. 

     


    SECONDE CONCLUSION :

     

    Dans ce contexte, et vu la volonté exprimée en 1991 par la population lors des consultations publiques sur l’urbanisme, le comité de démolition doit utiliser une règle stricte  comparable à celle utilisée dans le cadre des PIIA pour la rénovation des bâtiments anciens des petits propriétaires. Avant l’audition, le comité de démolition doit absolument profiter de l’éclairage de professionnels pour présenter une contre-expertise sur la précarité de la structure en façade du bâtiment à l’adresse du 36-/38, ainsi que celle du 40-40A, Côte-du-Passage.

     

    Il n’existe pas de raison sérieuse pouvant justifier la démolition de chacun des immeubles, surtout que ces derniers apportent une contribution essentielle pour maintenir l’image du Vieux-Lévis et que leur localisation se trouve sur la principale voie piétonnière du secteur ancien.

     

    NONOBSTANT ce qui précède, l’octroi fait à la demande devrait inclure l’obligation de reconstruire le, ou les bâtiments tels qu’ils étaient avant leur démolition, le tout afin de maintenir et de renforcer l’image de marque du Vieux-Lévis.

     

     

    EN CONSÉQUENCE, je demande que le comité de démolition tienne une audience publique au cours de laquelle je présenterai publiquement mon opposition à la demande.

     

     

     

    Et j’ai signé,

     

     

     

    Yvan-M. Roy

     


     

    [1] Les Rives du Saint-Laurent, Diamant Bleu, Jazz, et Espace Saint-Louis.


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  • (2) PROJETS IMMOBILIERS RISQUÉS (1987)

    Par Yvan-M. Roy

    Le Soleil, mardi le 14 juillet 1987

     

    ( Lettre adressée à M. le maire Vincent Chagnon et aux conseillers municipaux de la ville de Lévis et celle de Québec relativement aux projets immobiliers Rives du Saint-Laurent et Quai d’Orsay.)

     

    Ayant dû quitter la ville de Lévis il y a bientôt 15 ans, j’ai quand même conservé de nombreux liens économiques et familiaux avec des Lévisiens. Il m’a été ainsi plus facile, au cours des années, de suivre le développement de la ville. Je suis en mesure d’établir certaines comparaisons et je puis affirmer que plusieurs villes du Québec envient la saine gestion financière de Lévis.

     

    Lors d’une visite récente, quelqu’un m’a parlé des développements résidentiels futurs dans l’ancien quartier industriel et portuaire de la basse-ville. À prime abord, l’idée m’a souri, et j’ai cherché à évaluer, dans le domaine de ma spécialité, les impacts qu’auront les projets immobiliers Rives du Saint-Laurent et Quai d’Orsay sur l’image traditionnelle de Lévis et sur celle de Québec.

     

    La proximité du fleuve et la présence, sur la rive opposée, du Château Frontenac, de la Citadelle, ainsi que de la vieille ville fortifiée ont attiré sur les rives de Lévis des promoteurs audacieux qui entendent tirer le maximum de profits à partir d’une valeur patrimoniale, dont la réputation ne cesse de grandir au point de vue mondial.

     

    Dans cette entreprise, il n’y aura pas de cadeau pour personne, et les logements se vendront en moyenne 110 000 $. Chaque étage construit coûtera près de 2 000 000 $. Plus il y aura d’étages, plus il y aura de profits, plus les recettes foncières de la ville de Lévis seront importantes. Pourquoi alors s’inquiéter ?

     

    Avant que les projets Rives du Saint-Laurent et Quai d’Orsay ne soient coulés dans le béton, il faudrait peut-être trouver des réponses à certaines questions.

     

    Quelle contribution ces édifices imposants apporteront-ils finalement à l’image traditionnelle de notre région, à celle qui fait marcher notre tourisme ? Est-ce que les constructions projetées viendront renforcer notre image de marque ?

     

    Si la réponse est positive pour ces deux questions, les membres du conseil de ville de Lévis se doivent de voir à maximiser l’importance des deux projets. Si la réponse est négative, les membres devront passer la réglementation nécessaire pour situer les projets en harmonie avec le cadre environnemental de Lévis et avec celui de Québec. Après tout, c’est la richesse du patrimoine de Québec qui a donné naissance à ces projets.

     

    Il est donc possible de constater qu’à des considérations purement économiques s’ajoute également une question d’éthique. Comment est-il possible de se prononcer sur la hauteur, la taille et l’apparence des édifices projetés, en respectant le concept de la libre entreprise et en gardant comme objectif final le respect des valeurs fondamentales qui font la richesse de notre vie régionale ?

     

    Voilà une question que les membres du conseil de Lévis devront trancher avec courage et sagesse.

     

    En soulevant ces quelques points, j’espère convaincre les autorités de la ville de Lévis de l’importance qu’il y a de considérer l’aspect patrimonial dans la décision relative aux projets Rives du Saint-Laurent et Quay d’Orsay.

     

    Pour ma part, je considère que les projets actuels, tels que les journaux nous les ont présentés, manquent de modération et qu’ils s’intègrent mal, à cause de leur modernisme, dans le cadre traditionnel de Lévis et dans celui de Québec.


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