• BONNE OCCASION DE SAUVER LA CHUTE DE MONTMORENCY (1985)

    BONNE OCCASION DE SAUVER LA CHUTE DE MONTMORENCY

     

    Par Yvan-M. Roy

    Le Soleil, 4 mai 1985

     

    La chute de Montmorency a toujours été perçue comme un élément contributif majeur dans l’appréciation du panorama de la région de Québec.

     

    Un nombre considérable d’aquarellistes, de peintres et de photographes réputés ont projeté à l’étranger l’image de la célèbre chute, les derniers étant Mia et Klaus Matthes dans leur récent album photographique Le Saint-Laurent.

     

    Pour sa part, le panorama de la région de Québec, auquel la chute appartient, a lui-même été reconnu comme un des plus beaux au monde. En 1684, le baron de la Hontan disait de la ville de Québec qu’elle possédait « la plus belle vue qui soit au monde’’. Le prince Napoléon reprenait en 1861 ces termes élogieux en associant le spectacle devant ses yeux à celui de la Baie de Naples. La Home University Encyclopedia répandait en 1943 dans des milliers de foyers américains l’image de Québec comme celle d’une ville « pittoresque située dans une région de rare naturelle beauté », et dont « l’histoire surpasse celle de toute autre ville d’Amérique ».

     

    L’industrialisation et l’urbanisation des quarante dernières années ont modifié sensiblement l’image de marque de notre région. L’implantation d’industries lourdes, la construction en hauteur et l’érection d’autoroutes rapides sur les berges du fleuve ont fait prendre à Québec un visage plus américain. Ces investissements, très souvent nécessaires, n’ont pas su s’intégrer au panorama et respecter l’histoire de Québec, les deux grandes forces sur lesquelles reposent les bases de l’industrie touristique. C’est sûrement ce qui explique qu’avec le plus beau capital, notre industrie touristique produit un piètre rendement lorsqu’elle se compare à d’autres provinces canadiennes.

     

    Une occasion en or s’offre présentement qui permet de récupérer un peu du bien perdu. La désaffection prochaine de l’usine de la Dominion Textile située au pied de la chute de Montmorency permet d’entrevoir la possibilité de lui redonner la vocation qu’elle aurait dû toujours garder. La transformation de l’ancienne usine en complexe hôtelier, en musée, ou peut-être en centre international sur les droits des minorités de l’ONU devrait être envisagée avant toute autre hypothèse qui viserait le redémarrage industriel par un autre type d’usine.

     

    Faisant face au Bout-de-l’Île, précipitant ses eaux tumultueuses sous le chemin emprunté annuellement par plus d’un million de pèlerins, la chute possède également l’avantage d’être placée entre deux sites exceptionnels, le Vieux-Port et le Cap-Tourmente, qui font l’objet d’attentions particulières depuis quelques années.

     

    Il est donc grand temps que notre population prenne conscience de la situation présente et que notre région s’occupe enfin du sort de sa principale chute. Les investisseurs publics et privés devraient prendre bonne note car une telle occasion est de celles qui ne se présentent qu’à tous les cent ans.

     

     


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