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Les historiens Pierre-Georges Roy et Michel Lessard, à 60 ans d’intervalle, questionnent l’intérêt des élites de Lévis sur les questions de fierté, de patrimoine, d’histoire et de culture
Par Yvan-M. Roy
30 décembre 2016
Michel Lessard, qui fut engagé en 1967 par le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien pour effectuer de fouilles archéologiques dans l’Est canadien, n’a cessé depuis 50 ans à produire des ouvrages exceptionnels consacrés au patrimoine Tout en considérant le Québec, Michel Lessard n’a pas négligé d’observer Lévis, sa ville natale.
En 2011, il a reçu la médaille de l’Assemblée nationale du Québec « pour sa contribution exceptionnelle à la sauvegarde du patrimoine québécois » . À cette occasion, Gilles Lehouiller, député de Lévis, fut chargé de la présentation : « Michel Lessard est un grand Lévisien. Son travail a toujours le même but, soit de sensibiliser les Québécois à leur culture matérielle. Sa carrière constitue une vaste campagne de sensibilisation aux valeurs patrimoniales du Québec. »
En décembre 2016, après 50 ans de carrière, l’historien Lessard a critiqué sévèrement les politiques de conservation du patrimoine de la ville de Lévis. Devant l’éventuelle démolition de la maison Rodolphe-Audette, il a ainsi stigmatisé les élites locales: « Pauvre ville de Lévis qui veut cacher son passé, quel triste manque de fierté et de culture ».
Pierre-Georges Roy a fondé à et dirigé le Bulletin des recherches historiques de 1895 à 1948. En 1920, il fut le premier archiviste du Québec et le créateur des Archives nationales. Il interpréta sa mission comme étant celle de réunir et classer les documents historiques pour les historiens du futur. En 1927, il fut décoré Grand chevalier de la Légion d’honneur après Wilfrid Laurier (1897) et devant René Lévesque (1977). À son décès, en 1953, il avait publié plus de 300 ouvrages, dont Glanures Lévisiennes (1920), Dates Lévisiennes (12 volumes - 1932-40) et Profils Lévisiens (2 volumes-1948).
En 1947, après avoir consacré plus de 50 ans à mettre en valeur notre histoire locale et nationale, dans une lettre au sénateur Cyrille Vaillancourt, Pierre-Georges Roy déplorait ainsi l’indifférence des institutions d’enseignement lévisiennes envers le patrimoine historique de leur ville : « J’ai publié à date plus de 300 volumes ou brochures. Ni le Collège, ni la Commission scolaire n’ont jamais acheté un seul volume de moi. Les Dates Lévisiennes m’ont demandé 30 ans de travail et j’ai donné tout mon travail aux éditeurs pour absolument rien. » (P.-G Roy, 20 juin 1947). L’année suivante, l’historien avait offert gratuitement à la ville, sur proposition de son neveu Marcel Roy, alors conseiller, sa bibliothèque qui contenait plus de mille volumes, certains avaient une valeur considérable. La seule condition était que Lévis puisse la conserver afin qu’elle soit un jour mise à la disposition de la population. Trois conseillers votèrent pour la proposition, trois contre, et le maire trancha par son refus. L’insouciance et l’ignorance l’emportèrent sur la culture.
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