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Par yvanm le 31 Décembre 2016 à 05:46
Par Yvan-M. Roy
30 décembre 2016
Michel Lessard, qui fut engagé en 1967 par le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien pour effectuer de fouilles archéologiques dans l’Est canadien, n’a cessé depuis 50 ans à produire des ouvrages exceptionnels consacrés au patrimoine Tout en considérant le Québec, Michel Lessard n’a pas négligé d’observer Lévis, sa ville natale.
En 2011, il a reçu la médaille de l’Assemblée nationale du Québec « pour sa contribution exceptionnelle à la sauvegarde du patrimoine québécois » . À cette occasion, Gilles Lehouiller, député de Lévis, fut chargé de la présentation : « Michel Lessard est un grand Lévisien. Son travail a toujours le même but, soit de sensibiliser les Québécois à leur culture matérielle. Sa carrière constitue une vaste campagne de sensibilisation aux valeurs patrimoniales du Québec. »
En décembre 2016, après 50 ans de carrière, l’historien Lessard a critiqué sévèrement les politiques de conservation du patrimoine de la ville de Lévis. Devant l’éventuelle démolition de la maison Rodolphe-Audette, il a ainsi stigmatisé les élites locales: « Pauvre ville de Lévis qui veut cacher son passé, quel triste manque de fierté et de culture ».
Pierre-Georges Roy a fondé à et dirigé le Bulletin des recherches historiques de 1895 à 1948. En 1920, il fut le premier archiviste du Québec et le créateur des Archives nationales. Il interpréta sa mission comme étant celle de réunir et classer les documents historiques pour les historiens du futur. En 1927, il fut décoré Grand chevalier de la Légion d’honneur après Wilfrid Laurier (1897) et devant René Lévesque (1977). À son décès, en 1953, il avait publié plus de 300 ouvrages, dont Glanures Lévisiennes (1920), Dates Lévisiennes (12 volumes - 1932-40) et Profils Lévisiens (2 volumes-1948).
En 1947, après avoir consacré plus de 50 ans à mettre en valeur notre histoire locale et nationale, dans une lettre au sénateur Cyrille Vaillancourt, Pierre-Georges Roy déplorait ainsi l’indifférence des institutions d’enseignement lévisiennes envers le patrimoine historique de leur ville : « J’ai publié à date plus de 300 volumes ou brochures. Ni le Collège, ni la Commission scolaire n’ont jamais acheté un seul volume de moi. Les Dates Lévisiennes m’ont demandé 30 ans de travail et j’ai donné tout mon travail aux éditeurs pour absolument rien. » (P.-G Roy, 20 juin 1947). L’année suivante, l’historien avait offert gratuitement à la ville, sur proposition de son neveu Marcel Roy, alors conseiller, sa bibliothèque qui contenait plus de mille volumes, certains avaient une valeur considérable. La seule condition était que Lévis puisse la conserver afin qu’elle soit un jour mise à la disposition de la population. Trois conseillers votèrent pour la proposition, trois contre, et le maire trancha par son refus. L’insouciance et l’ignorance l’emportèrent sur la culture.
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Par yvanm le 1 Août 2016 à 14:13
Publié dans la Revue de la Société d’histoire régionale de Lévis (SHRL), dans le numéro 139 (Hiver 2016) et 140 (Printemps 2016)
Par Yvan-M. Roy (SHRL : Numéro 139)
En 1775, un fort nombre d’habitants du Massachusetts s’identifiant comme ‘’patriotes’’ s’étaient rebellés et avaient réussi à enfermer la garnison anglaise dans la ville de Boston. Ils avaient envoyé des délégués à Philadelphie pour siéger au Congrès des Colonies-Unies, ou Congrès Continental. Les délégués avait voté la création d’une armée, autorisé l’engagement de 15 000 hommes et nommé George Washington pour commander. Ils avait également décidé de lancer une expédition pour chasser les Anglais hors de la province de Québec et d’admettre celle-ci comme quatorzième colonie de leur union. Afin d’éviter que habitants de la province ne soient mobilisés pour contrer leur projet, les Congressistes adressèrent une ‘’Lettre aux Canadiens’’ dans laquelle ils invitaient le peuple à les rejoindre dans leur lutte pour la liberté, et, à défaut, ils les incitaient à garder la neutralité. Des copies de cette lettre d’invitation furent introduites par des espions dans les villes et les campagnes. Nos ancêtres furent placés devant trois options : adopter la cause des ‘’Patriotes’’, demeurer neutres, ou joindre les ‘’Loyalistes’’. À la fin de l’été, les habitants de la rive-sud, de Kamouraska à Lotbinière, furent sommés par le gouverneur d’aller défendre la frontière à Sartigan, en haute Chaudière. Les paragraphes qui suivent exposent les événements qui se sont déroulés dans l’est du continent, et particulièrement à Pointe-Lévy, lors de la première année de la révolution américaine.
Le gouverneur Carleton donne l’ordre de reformer les compagnies de milice
Depuis 1764, les colonies de la Nouvelle-Angleterre avaient donc protesté énergiquement contre diverses lois imposées par le gouvernement de Londres. En avril 1775, les Bostonnais s’étaient rebellés. De Québec, le gouverneur Guy Carleton avait envoyé deux régiments de sa garnison pour augmenter celle de Boston, laissant la capitale pratiquement sans défense. Ce fut pourquoi le gouverneur voulut rétablir dans la province les compagnies de milices qui avaient été démembrées après la Conquête. En mai 1775, répondant à des rumeurs que les ‘’Bostonnais’’ préparaient une expédition dans le corridor des rivières Kennebec et Chaudière, Carleton donna l’ordre à Gabriel-Elzéar Taschereau, seigneur de Nouvelle-Beauce, d’enrôler ses censitaires. À Saint-Joseph, lorsqu’il voulut s’adresser aux habitants, ceux-ci se dispersèrent, refusant de l’entendre. Il revint donc bredouille à Québec. La résistance à l’enrôlement se répandit dans le pays laurentien.
Guy Carleton
Le Congrès décide d’envahir la province de Québec
Le Congrès avait mis en marche un projet d’aller en guerre outre-frontière. Depuis l’Acte de Québec de 1774, le Canada s’appelait officiellement‘’ Province de Québec’’. Le terme Canadien était cependant encore utilisé pour désigner les habitants. Le territoire s’étendait du Labrador jusqu’aux Grands Lacs et la rivière Ohio. L’acte avait choqué les spéculateurs et les gens de commerce des 13 colonies de la côte atlantique. Au début de juillet, des espions parcoururent la Nouvelle-Beauce, distribuant la lettre du Congrès aux Canadiens. Sur le lac Champlain, Richard Montgomery qui commandait l’Armée Continentale du Nord, se préparait à entrer au pays par le corridor formé par la rivière Hudson, le lac Champlain et la rivière Richelieu. Benedict Arnold, du Connecticut, passé d’armateur à colonel en quelques mois, proposa à George Washington d’attaquer directement Québec avec un second corps d’armée de 1 200 hommes. Son plan était d'atteindre Québec en remontant la Kennebec, en rejoignant le lac Mégantic, et en descendant la Chaudière. Washington accepta et confia la direction de l’expédition à Arnold.
Benedict Arnold
Malgré leur serment d’allégeance, les habitants des villages devant Québec refusent l’enrôlement
Le 10 septembre, un samedi, le major Henry Caldwell, seigneur de Lauzon, convoqua ses censitaires pour rétablir les compagnies de milice dans sa seigneurie. Caldwell se proposait de préciser qu’en raison d’une menace d’invasion du pays, il avait reçu l’ordre de procéder à leur enrôlement. Il espérait inscrire plus de 250 hommes. Pour les contraindre, il lui fallait rappeler le serment d’allégeance qu’ils avaient prêté au roi George II d’Angleterre au lendemain de la Conquête. Au moment de livrer ses propos, Caldwell a-t-il subi le même traitement que le seigneur Taschereau s’était fait servir pas les habitants de Saint-Joseph ? Quoi qu’il en soit, Caldwell eut le temps de remettre quelques commissions d’officiers. Toujours est-il qu’il retourna à Québec sans avoir pu procéder à l’enrôlement. Voici d’ailleurs ce qu’écrivit ce soir là un certain James Jeffrey dans son journal : ‘’Le major Caldwell, William Grant et plusieurs autres ont été à Pointe-Lévy aujourd’hui pour recruter des hommes, mais ils n’en ont pas eu un seul.[1]
Le lendemain, après la messe, Caldwell était de retour avec Gabriel-Elzéar Taschereau et plusieurs autres. Ce fut en vain. Le 12, dans son journal, ce même James Jeffrey écrivit : Les rapports de la matinée sont qu’hier, à la Pointe-Lévy, les hommes qui avaient été réunis d’aussi loin que Kamouraska, au nombre de 1 400 ou 1 500, contrairement à ce qui fut rapporté hier pour être envoyés à Sartigan, avaient été convoqués pour reconduire à Québec ceux qui étaient venus pour les enrôler. Ils ont malmené Caldwell, Taschereau et compagnie et ont déclaré qu’ils ne pourraient pas en recruter un seul dans toutes les paroisses de la rive sud. Aucun canot venant de Pointe-Lévy n’est venu au marché aujourd’hui.’’[2]
Gabriel-Elzéar Taschereau
Des postes de garde pour se protéger contre l’enrôlement
Dans les jours suivants, les habitants de Pointe-Lévy jusqu’à Montmagny établirent des postes de garde dans chaque village pour s’opposer à une descente ayant pour objet de les enrôler. Pour accélérer les communications, ils communiquaient les urgences par le moyen de feux.[3] Quelques mois auparavant, la garnison de Boston avait subi des pertes sérieuses à Concord et Lexington en tentant de mater la rébellion des patriotes Bostonnais. C’était ce que la garnison de Québec voulait éviter. Il n’y eut pas de descente. Les résidents de la Côte-du-Sud étaient déterminés à ne pas s’en laisser imposer, que ce soit par l’état ou par l’église. Pierre Cadrin, un habitant de Saint-Michel, était surement présent à l’assemblée tumultueuse du 11 septembre à Pointe-Lévy. Trois semaines plus tard dans l’église de son village, le 1er octobre, en pleine messe du dimanche, Cadrin avait interrompu d’une voix forte le prédicateur jésuite qui prêchait « l’obéissance aux puissances civiles » : ‘’C’est trop longtemps prêcher pour les Anglais’’ , avait-il lancé. Selon la tradition orale, il aurait ajouté : …prêchez donc pour le bon Dieu maintenant ».[4]
Les Bostonnais passent la frontière en fin d’octobre
La nouvelle que les ‘’Bostonnais’’ avaient passé la frontière arriva à Pointe-Lévy à la fin d’octobre. Il fut décidé d’envoyer un homme du village porter à leur colonel certains renseignements d’importance ainsi qu’une offre de coopération. Ce messager, Ignace Couture,[5] fut arrêté par les éclaireurs de l’avant-garde après avoir passé Saint-Henri. Couture les informa alors qu’un détachement de loyalistes avait visité la rive-sud, saisissant ou détruisant tous les bateaux et canots. Craignant une descente punitive de forces gouvernementales, Couture ajouta à l’intention du colonel que les gens de son village lui demandaient de se presser pour venir leur porter secours sans quoi ils seraient forcés de prendre les armes contre eux. Enfin, il prêta son cheval à un des éclaireurs pour qu’il aille sans délai à Sainte-Marie où se trouvait Benedict Arnold. Dès qu’il prit connaissance des informations transmises par Couture, Arnold envoya acheter une vingtaine de canots auprès des Abénaquis de Sartigan dont le grand chef Swachan avait été au cours du mois de juillet visiter George Washington à son quartier général de Cambridge.
La maison Carrier-Couture, où Benedict Arnold a rencontré Ignace Couture en arrivant à Pointe-Lévy le 7 novembre 1775
Les Bostonnais atteignent Pointe-Lévy
L’avant-garde des Bostonnais arriva à Pointe-Lévy dans la nuit du 7 novembre. Arnold suivit[6] de peu tandis que le reste de la troupe les rejoignit avec des canots les jours suivants. Mathias Ogden décrivit l’état dans lequel se trouvaient alors ses compagnons : ‘’Le total (de notre armée) ne dépasse pas six cents hommes, peu équipés pour combattre, la plupart d’entre nous manquons de vêtements, un bon nombre vont nu-pieds, presque sans munitions, et l’hiver qui approche à grand pas ».[7] De son côté, quelques jours auparavant, Isaac Senter écrivit dans quelle condition ils étaient apparus aux habitants en arrivant à Sartigan : ‘’Voir un bon nombre de créatures si affamées, ayant l’air plus des fantômes que des hommes, sortant de la grande brousse, des armes à la main, fut le spectacle le plus renversant qu’ils avaient jamais vu.’’ Finalement, George Morison, fut très bref : ‘’…(ils) ressemblaient plus à des fantômes qu’à des hommes’’.[8] Au début de l’été 1759, les habitants de Pointe-Lévy avaient vu le général Wolfe arriver devant Québec avec une armée de 7 000 soldats appuyée de 18 000 marins.[9] Un sérieux doute n’a pu lors que de s’installer dans l’esprit du peuple, et même chez les téméraires et les audacieux qui jonglaient encore à l’idée de prendre les armes avec les Bostonnais pour libérer le pays.
Une relation d’affaire vient rencontrer Arnold à Pointe-Lévy
Arnold avait antérieurement voyagé par mer jusqu’à Québec pour acheter du blé. Il avait traité avec John Mercer et John Halsted, deux commerçants qui avaient épousé la cause des patriotes. Halsted était natif du New Jersey. Quand Mercer fut emprisonné le 29 octobre, Halsted s’enfuit alors à l’Ile d’Orléans. Dès qu’il apprit l’arrivée d’Arnold, il s’empressa de traverser à Pointe-Lévy, prit contact, et entraîna Arnold au moulin de Caldwell à la rivière à Scie. Halsted connaissaient bien ce moulin car Caldwell lui en avait donné le mandat pour l’administrer. Arnold en fit son quartier-général. Le 12 novembre, dimanche de la Saint-Martin, alors que la troupe s’apprêtait à traverser le Saint-Laurent, les Bostonnais furent invités à un ‘’fine ball’’ et ils en profitèrent pour boire et s’y amuser en observant les Canadiens danser au son du violon.[10] Le 13 novembre, en soirée, Arnold donna l’ordre de traverser le Saint-Laurent. Le 28 novembre, il en appela à ses « vieux amis » de Pointe-Lévy demandant aux Canadiens de la rive-sud ‘’d’empêcher’’ toute sorte d’approvisionnement ou de fourrage d’être acheminé à la garnison de Québec. Pendant l’hiver qui suivit, pas un seul canot ne traversa à Québec y porter des vivres.[11] Le premier décembre, Arnold fit jonction avec les 300 hommes de l’armée du Nord du brigadier Montgomery. Québec fut mis en état de siège. Les Bostonnais contrôlaient toute la province, sauf la ville de Québec. Le 31 décembre, à 4 heures du matin, les quelques 1 000 soldats continentaux auxquels s’ajoutaient quelque 150 Canadiens attaquèrent les 1 800 défenseurs de Québec, bien retranchés dans la place forte. L’opération fut un lamentable échec : Montgomery fut tué, Arnold blessé, et 370 soldats furent faits prisonniers.
L’hiver à Pointe-Lévy
Durant l’hiver, les Bostonnais utilisèrent le moulin de la rivière à Scie comme quartier pour la collecte de denrées et de bois de chauffage. Les hommes de Pointe-Lévy transportaient les provisions en voiture sur le fleuve gelé. Les Bostonnais payaient en dollars des Colonies-Unies. Des jeunes gens furent engagés pour servir à la batterie de canons mise en place pour bombarder la ville. Une douzaine de miliciens se rendirent à la Pointe-à-la-Caille (Montmagny) pour faire feu contre un parti de royalistes canadiens. Le 5 mai, avec l’arrivée dans le port de 5 navires anglais, le siège fut levé. La déroute commençait. Le 1er juillet, il ne restait plus une seule compagnie continentale sur le sol du Québec. Les dollars des Colonies-Unies que les Canadiens conservaient ne seraient plus jamais d’aucune utilité. Ils pouvaient même servir comme preuves de collaboration avec l’ennemi.
Billet de $20 issu par le Congrès de Philadelphie
(Fin du Numéro 239 - Début du numéro 140 )
Résumé : Lors d’une assemblée tumultueuse à Pointe-Lévy en septembre 1775, plus d’un millier d’habitants de la rive-sud avaient chassé les officiers chargés de les enrôler pour aller prendre position en Beauce afin faire échec à une invasion des révolutionnaires américains. Le corps expéditionnaire commandé par Benedict Arnold arriva à Pointe-Lévy sans opposition au début de novembre. Fin décembre, l’attaque contre Québec échoua. Le pays fut occupé pendant l’hiver. En mai 1776, l’arrivée dans le port de Québec de 5 navires anglais força les ‘’rebels’’ venus de Boston à fuir en déroute.
Une commission d’enquête pour identifier ceux qui avaient aidé les rebelles pendant l’invasion
Deux semaines après la fuite des Bostonnais, Carleton voulut faire le partage entre les ‘’boucs’’ et des ‘’agneaux’’ durant l’occupation. Il créa une commission pour enquêter dans les 53 paroisses du district de Québec [12] et nomma 3 commissaires, dont Gabriel-Elzéar Taschereau, seigneur de Nouvelle-Beauce et colonel des milices francophones de Québec. Du 22 mai au 16 juillet, les commissaires dressèrent dans chaque paroisse un procès-verbal dans lequel ils notaient les personnes aptes pour l’avenir à servir la cause du Roy et ceux qui en étaient indignes. À chaque fois, ils commençaient les assemblées par la lecture de leurs commissions, puis continuaient par des harangues « … pour faire connaître la soumission envers le Souverain, l’indignation des fidèles sujets contre ceux qui ont aidé les ‘’rebels’’, et (pour) donner ordre au capitaine (de milice) de faire un rôle exact de sa compagnie et d’y distinguer les âges au-dessus de 55 ans à 60 et de 15 à 55… » [13] Ils passaient par la suite en revue tous les hommes présents qui, tout en applaudissant, devaient crier trois fois « Vive le Roy ». C’était pour les jeunes une façon abrégée de prononcer le serment d’allégeance, et pour les autres de le renouveler.
Dans le procès-verbal de Saint-Vallier, on peut y voir que l’assemblée de Pointe-Lévy, dont James Jeffrey avait parlé dans son journal, avait eu lieu ‘’chez Jean Guay’’. On constate dans ce procès-verbal qu’une majorité des habitants de Berthier jusqu’à Pointe-Lévy étaient présents, en majorité armes à la main. D’autre part, le procès-verbal de Pointe-Lévy indique que la paroisse avait été: « généralement séditieuse et opposée aux ordres du gouvernement en un mot zélée et affectionnée au parti des rebels ».[14] Les commissaires avaient commencé l’assemblée en congédiant les officiers de milice devenus ‘’indignes’’ parce qu’ils s’étaient révélés coupables de mauvaise conduite. Ce fut le sort de Joseph Lambert, Joseph Samson et Baptiste Bégin. Ils indiquèrent enfin les simples miliciens qui s’étaient compromis, dont ceux qui avaient convoqué les compagnies de milice des paroisses de la rive-sud :
« Les dénommés ci-après furent les plus mutins et les plus séditieux dans l’assemblée tumultueuse qui se fit ici l’automne dernier. Lorsque le gouvernement envoya des officiers pour inviter cette paroisse à se ranger sous l’étendard du Roy, ils furent et envoyèrent inviter les habitants des paroisses voisines de se joindre à eux, pour s’opposer aux démarches du gouvernement et ils montèrent la garde jusqu’à l’arrivée des rebels.
Augustin Allé, père, Fanchon Carrier, Barras Lecours, Charles Guay, Charles Leguay dit Lenoir, Ambroise Lecours, le fils de Jeannot Guay, Ignace Couture. »[15]
''Chez Jean Guay'', dans la partie ouest du Parc régional de Pointe de la Martinière
''Chez Jean Guay'' en 1827, et les 9 bâtiments figurant sur la carte de l'hydrographe Henry W. Bayfield
Une poignée de personnes liées par leur origine terrienne, par le sang ou par les alliances
Il se trouve que tous ces ‘’mutins et séditieux’’ étaient liés par leurs origines terriennes, par le sang ou par leurs alliances. Trois terres ancestrales ont retenu notre attention, situées de part et d’autre du chemin [16] qui séparait la seigneurie de Lauzon et le fief de la Martinière.
Maison de pierre sur la terre ancestrale des Carrier, à Pointe de la Martinière
La terre ancestrale des Carrier se trouvait située à 4,5 arpents à l’est de ce chemin, Le chemin traversait en plein centre la terre des Lecours. Une autre terre située à 4,5 arpents vers l’ouest était celle des héritiers de Jean Guay (1695-1756), capitaine de milice et cabaretier avant 1750.
Ceux qui étaient nés sur ces terres :
- François (Fanchon) Carrier (1705-82), père de Véronique Carrier, épouse en seconde noces d’Ignace Couture
- Ambroise Lecours (1721 - ?), marié à Marie-Geneviève Carrier, beau-frère de François (Fanchon) Carrier
- Michel Lecours (1720-98), frère d’Ambroise Lecours
- Charles Guay, Charles LeGuay, fils et petit-fils de Jean Guay
- Le fils de Jeannot Guay, probablement Jean Guay, frère de Charles Guay
Ceux qui étaient rattachés par alliance :
- Augustin Hallé (1710-98) marié à Catherine Carrier, cousine de François (Fanchon) Carrier et tante d’Ignace Couture
- Ignace Couture (1737-1815) marié à Véronique Carrier, fille de François (Fanchon) Carrier.
François Carrier avait alors 70 ans, Augustin Hallé 65 ans, les deux Lecours suivaient dans la cinquantaine, le plus jeune semble avoir été Ignace Couture, 38 ans. Par ailleurs, François Carrier était le frère de Marie-Anne Carrier (1700-81), veuve de Jean Guay. La réputation du cabaret de ce dernier était telle qu’un demi-siècle après son décès, le capitaine de milice Augustin Labadie écrivait ‘’chez Jean Guay’’ pour désigner non pas une maison ou une terre, mais plutôt, une ''place'', un repère côtier bordant le Saint-Laurent, en amont immédiat de Pointe-de-la-Martinière.[17]
Des reines de Hongrie
Dans les procès verbaux, les commissaires avaient indiqué, pour certaines paroisses, le nom de femmes qui tenaient des assemblées, faisaient des discours et allaient de maison en maison pour plaider la cause des Américains. A Saint-Pierre, I.O., Marguerite Noël fut qualifiée de ‘’reine de Hongrie’’, une référence à la reine Marie-Thérèse de Hongrie.[18] À Saint-Vallier, on prêta ce même surnom à Marie-Basilice Corriveau, en ajoutant : « Pour mieux parvenir à son but détestable, elle leur faisait boire des liqueurs fortes. »[19] Y a-t-il eu à Pointe-Lévy des femmes qui auraient pu mériter la mention ? C’est une possibilité. Marie-Anne, Marie-Geneviève, Catherine ou Véronique Carrier[20], autant de femmes qui devaient refuser de voir un père, un mari ou un fils donner sa vie pour un Roi qui, une quinzaine d’années auparavant, avait permis à ses troupes de mettre le pays à feu et à sang, et soumis la population aux plus grandes privations.
Marie-Thérèse, reine de Hongrie
Les sanctions
La mutinerie et la sédition ont toujours été considérées comme des offenses majeures à l’égard de l’autorité établie. Les sanctions imposées allaient du fouet à la pendaison. Contrairement à la coutume de l’époque, les dénonciations ne furent pas suivies de procès. Carleton y alla de façon plus subtile. Il décréta des ordonnances pour rendre le service de milice obligatoire. Il obligea le service gratuit pour toutes sortes de corvées. Quand les gens refusaient, il les faisait mettre en prison. Dans son journal, Simon Sanguinet, bien que loyaliste, a précisé: « On envoyait même des troupes à discrétion dans leurs maisons, qui tuaient les moutons, veaux, volailles et, même souvent volaient leur hardes – tout cela était autorisé, et le général Carleton à qui l’on portait des plaintes, souffrait tout cela sans y mettre aucunes oppositions. Si les Canadiens ont montré de la mauvaise disposition à prendre les armes contre les Bostonnais en 1775, ils l’ont bien payé par les mauvais traitements qu’ils ont reçus depuis ».[21]
Le Québec occupé par des régiments de mercenaires allemands
L’Angleterre avait loué dans les principautés allemandes les services d’une quinzaine de régiments formés de mercenaires. De 1776 à 1884, ce fut un mouvement continuel de détachements militaires dans toutes les paroisses de la rive-sud. Des postes furent construits à Tilly, Saint-Nicolas, Pointe-Lévy, Saint-Michel, également en Beauce . En 1777, Carleton fut rappelé à Londres et remplacé par Frederick Haldimand, élevé en Suisse francophone, catholique par surcroît. Il avait gagné ses galons lors de la guerre de la Conquête.
La situation en 1779
Citant le sergent James Thompson, l’historien J.-Edmond Roy a rapporté ceci : « 1779 – novembre – Le régiment d’Anhalt-Zerbst traverse à la Pointe-Lévy pour prendre ses quartiers d’hiver dans les paroisses d’en bas. Les habitants de la Pointe-Lévy reçoivent ordre de fournir du bois de construction : Pointe Lévy 1re compagnie, 208 pièces, 2e compagnie 468 pièces, Saint-Henri, 420 pièces.[22]
En ce même mois de novembre, l’abbé Jean-Jacques Berthiaume était curé de Pointe-Lévy. Joseph Samson (1725-1804), son voisin, occupait une terre de 5 arpents située immédiatement à l’ouest de l’église et du presbytère. Samson avait été emprisonné pour avoir voulu résister aux lourdes corvées que l’on exigeait de lui. Voici l’essentiel de la lettre que le curé Berthiaume adressa en novembre 1779 à Robert Mathews, secrétaire du gouverneur Haldimand, pour plaider la libération de son voisin.
Monsieur,
J’ai l’honneur de vous saluer et de vous assurer de mes très humbles respects. Je vous écris pour vous supplier de vous intéresser en faveur d’un de mes paroissiens, Joseph Samson, mon voisin qu’on a fait mettre en prison pou peu de choses selon moi…je ne l’ai jamais vu se rebeller aux ordres du gouvernement… il a toujours été chargé des troupes du gouvernement et dans sa maison, et dans sa grange et quoiqu’une bonne partie de sa terre soit encore occupée au service du Roy pour du bois de chauffage et des voiturages. Il a encore fourni sa quotte part des pièces (de bois) ordonnées par le capitaine de milice qui lui ordonnait de donner des draps à trois soldats qu’il loge encore aujourd’hui; je n’ai point entendu la dispute mais plusieurs m’ont assuré qu’il ne demandait autre chose si non qu’on ne lui donna que deux soldats…Voilà le fait, et je supplie votre Bonté de vouloir bien par charité pour sa pauvre femme restée seule avec des enfants exposée à l’insulte des soldats qui l’outragèrent encore hier dans leur boisson et pour moi-même qui en suis peiné pour eux. Je supplie dis-je votre Bonté de vouloir bien demander à Son Excellence monsieur le Général la grâce et l’élargissement de cet honnête homme afin qu’il puisse vaquer à ses travaux qui sont restés là depuis qu’on le retient en prison.
J’espère que vous aurez regard à ma supplication et je suis avec le respect dû à votre seigneurie.
Monsieur, Votre obéissant serviteur,
BERTHIAUME, Prêtre.[23]
La famille Guay-Samson
L’épouse de Joseph Samson était Marguerite Guay, fille de Jean Guay, cabaretier-capitaine de milice mentionné auparavant, et de Marie-Anne Carrier, nièce de François (Fanchon) Carrier. En 1779, six enfants étaient nés du mariage Guay-Samson : Agathe, Joseph, François, Louis-Gaspard, Marguerite et Jean-Baptiste. L’ainée avait 22 ans, le cadet en avait 5.
Une chapelle sous la protection de Sainte-Anne
Le 7 juin 1789, en présence du curé Berthiaume, Joseph Samson donna à la fabrique de Pointe-Lévy un terrain de 900 pi.c. en bordure du chemin du Roy à la ligne ouest de sa propriété « pour y construire une chapelle en l’honneur de Sainte-Anne », mère de la Vierge Marie.[24]
La chapelle Sainte-Anne (1789)
Il s’était passé 10 ans depuis la supplique du curé de Pointe-Lévy pour obtenir la libération de son voisin. Un des témoins appelé à signer l’acte était Pierre-Bernard Lagueux, époux d’Agathe Samson, la fille aînée de Marguerite Guay et Joseph Samson. Il est probable que c'est Agathe Samson qui, dans le secret du confessionnal, avait été trouver le curé Berthiaume pour plaider la cause de son papa, emprisonné. À quelques pas de l’église de Lauzon se trouve aujourd’hui une grande maison ancestrale qui fut occupée successivement jusqu’en 1984 par des générations de la famille Lagueux. Une recherche poussée viendrait-elle révéler qu’il s’agit ici de l’habitation occupée par la famille Guay-Samson lors calamités de l’automne 1779 ? C’est bien possible.
La maison Samson-Lagueux, à quelque pas de l'église de Saint-Joseph de la Pointe-Lévy
Conclusion
Les événements survenus à Pointe-Lévy au début de la révolution américaine ont été suivis de conséquences sérieuses et graves pour ceux qui s’étaient compromis ouvertement dans l’opposition au rétablissement des compagnies de milice sur la rive-sud du Saint-Laurent. Pendant 7 ans, ils furent contraints de loger des mercenaires allemands et de d’exécuter toutes sortes de corvées. Nous connaissons la gravité des violences qui ont été commises dans la maison de Joseph Samson en son absence. Nous ne saurons probablement jamais celles commises chez les Carrier, les Guay, les Hallé, et les Lecours, tous conjointement identifiés pour cause de mutinerie et de sédition lors de l’assemblée tumultueuse du 11 septembre 1775. Pour répondre aux volontés du curé Berthiaume et celle des Samson, les paroissiens de Pointe-Lévy ont accepté de placer leur village sous la protection de la bonne « Sainte-Anne », mère de la Vierge Marie, et ils ont construit une chapelle qui a jusqu’ici survécue aux intempéries pendant plus de deux siècles.
Épilogue
Dans le numéro 17 de La Seigneurie de Lauzon (Printemps-1985), sous le titre ‘’La Pointe-de-la-Martinière et son histoire’’, l’éditeur publiait l’extrait d’une requête que j’avais présentée au ministre des Affaires culturelles de l’époque pour demander d’accorder un statut à la Pointe de la Martinière afin de contrer l’intention des gouvernements d’y venir construire un parc industrialo-portuaire. J’y avais abordé divers thèmes, dont ceux concernant le cabaretier Jean Guay et Joseph Samson. Trente ans plus tard, l’idée de faire le point m’est venue à la lecture du livre de l’auteur américain Mark R Anderson : ''The Battle for the Fourteenth Colony ‘' 1774-1776 . Une thèse maintenant devenue incontournable.
http://yvanm.eklablog.com/la-pointe-de-la-martiniere-et-son-histoire-1985-a126495490
[1] Jeffrey, James. Journal Kept in Quebec in 1775 by James Jeffrey. Historical Collections of the Essex Institute 50, (April 14) : p. 135
[2] Voir note 1. Sartigan, village des indiens Abénaquis, aujourd’hui Saint-Georges.
[3] Roy, Yvan-M. Le système de communication optique de l’Ancien Canada. La Seigneurie de Lauzon, vol 35, Automne 1989.
[4] Cadrin, Gaston. Les excommuniés de Saint-Michel-de-Bellechasse au XXVIIIe siècle, Les Éditions GID, Québec 2015, p 276.
[5] Rapport Baby, Taschereau, Williams, dans Rapport de l’archiviste du Québec, 1927-28, p. 475
[6] L’auteur a connu trois porteurs de tradition dans sa famille, Léon Roy, Pierre Roy, et Marcel Roy. Ce dernier, chaque fois qu’il évoquait la révolution américaine, ne manquait jamais de préciser ‘’Quand les Américains sont arrivés, Arnold a couché dans la maison Plante’’. Par la suite de conclure : ‘’Là, on est passé à deux cheveux d’être Américains’’. La maison Plante est désignée aujourd’hui sous le nom de maison Carrier-Couture. Ignace Couture en devint propriétaire à l’occasion de son mariage (19.10.1761) avec Véronique Carrier, veuve d’Ignace Carrier.
[7] Mathias Ogden, Journal, 7 novembre 1775, Morristown National Historical Park, Mossirtown, New Jersey.
[8] George Morison, Journal , in Roberts, ed. March to Québec, p. 531
[9] La flotte dirigée par l’amiral Charles Saunders comprenait 49 navires de guerre, 76 transports et 152 bateaux de débarquement. Elle portait près de 2.000 bouches à feu. Les vaisseaux de guerre étaient montés de 13.000 hommes d'équipage et les transports d'environ 5.000. Québec était donc menacé par un formidable armement de 125 vaisseaux, sans compter la flottille de 152 embarcations légères et de près de 25.000 soldats et marins.
http://faculty.marianopolis.edu/c.belanger/quebechistory/encyclopedia/CharlesSaunders.html
[10] John Pierce Journal, Roberts, March to Quebec, 674
[11] Anderson, Mark R., The Battle for the Fourteenth Colony, University Press of New England 2013, Lebannon, N.H., p. 166
[12] Sur la rive-nord de St-Ferréol à Cap-de-la-Madeleine, sur la rive-sud de Bécancour à Kamouraska, sans oublier l’Île d’Orléans.
[13] Rapport Baby, Taschereau, Williams, dans Rapport de l’Archiviste du Québec, 1927-28, p. 434
[14] Voir note 2, p. 475
[15] Voir note 2, p. 474. Et ajout p. 475 : "Presque tous les habitants montèrent la garde l'automne passé avant l'arrivée des Bostonnais pour s'opposer aux démarches qu'auraient pu faire la garnison de Québec''
[16] Aujourd’hui, la route Lallemand.
[17] Augustin Labadie écrivit dans son journal, le 18 avril 1808, à propos du brigantin Le Triton qui s’était aventuré prématurément devant Québec : « …il a rencontré les glaces à la voile devant Mme Bégin (Anse Bégin) et il a été obligé de dériver dans les glaces jusque chez Jean Guay, sur le sable a resté à cette place jusqu’au mardi l’après-midi. » J.-Ed. Roy, Histoire de la Seigneurie de Lauzon, vol. 3, p. 407.
[18] Marie-Thérèse, reine de Hongrie, avait fait preuve de très grande énergie pour protéger ses droits héréditaires à l’occasion de la guerre de la succession d’Autriche (1740-1747).
[19] Voir note 2, p 480
[20] Véronique Carrier était mariée en première noce à Ignace Carrier. Pendant l’été 1759, Véronique, étant enceinte, avait trouvé refuge Nouvelle-Beauce avec ses enfants. Ignace fut probablement tué alors qu’il se trouvait en mission pour observer les activités au camp anglais de Pointe-Lévy. Ignace est mort le 2 septembre 1759, un jour avant que les 8 000 hommes de l’armée anglaise se regroupent à Pointe-Lévy, 10 jours avant la bataille des Plaies d’Abraham.
[21] Sanguinet, Simon. Journal de M. Sanguinet, Témoin occulaire de la guerre des Bastonnois en Canada.
p. 146 - http://static.torontopubliclibrary.ca/da/pdfs/37131055454110d.pdf
[22] J.-Edmond Roy, Histoire de la Seigneurie de Lauzon, vol 3, p. 71
[23] J.-Edmond Roy, Histoire de la Seigneurie de Lauzon, vol 3, p. 72
[24] Témoins à l’acte, Étienne Bégin, capitaine de milice, Pierre Nolin, syndic de la chapelle, Jean-Baptiste Bégin, Marguiller en charge, et Pierre-Bernard Lagueux, époux d’Agathe Samson. Histoire de la Seigneurie de Lauzon, vol 3, p. 219
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Par yvanm le 28 Juillet 2016 à 03:23
La Pointe-de-la-Martinière et son histoire
Par Yvan-M. Roy
(Publié dans la revue de la Société d’histoire régionale de Lévis, Vol 17, Printemps 1985)
Note : Le texte qui suit est extrait d’une requête adressée par l’auteur au ministre des Affaires culturelles concernant le statut de l’Anse-des-Sauvages et la Pointe-de-la-Martinière à Lauzon. Nous remercions M. Roy qui nous a autorisés à reproduire le partie proprement historique du document. - Georges-Étienne Proulx, prés.
1. La Pointe-de-la-Martinière et la présence amérindienne
Le tiers du territoire (appx. 4 000 000 pi.c.) regroupé pour l’occasion sous le toponyme de la ‘’Pointe-de-la-Martinière’’ appartient de fait à l’Anse Guilmour, auparavant Indian Cove, et Anse-des-Sauvages. La Pointe et l’Anse ainsi désignées sont le prolongement d’Arlaca, ancien campement amérindien. Champlain identifia clairement un endroit d’importance où s’établissaient à la saison ses alliés Etchemins dont il avait exploré le pays atlantique à ses voyages précédents (1) (2) (3).
2. La Pointe-de-la-Martinière, clef de la défense de Québec
Champlain apprit probablement des Etchemins l’importance qu’il fallait accorder aux pointes avancées qui deviendront plus tard le Cap-Lévy et la Pointe-de-la-Martinière. Champlain et le gouverneur D’Avaugour successivement recommandèrent d’ériger sur la rive-droite des fortifications pour barrer le passage de la rivière à l’ennemi. (4) L’ingénieur Levasseur de Néré érigea, vers 1702 deux batteries de canon à la Pointe-de-Lévy, possiblement au Cap Samson, dans la partie ouest de l’Anse-aux-Sauvages (5) (6). Montcalm voulut ériger à la Pointe-de-Lévy, toponyme qui désignait toute la rive de Beaumont jusqu’à la rivière Chaudière, des retranchements pour loger plus de 4 000 hommes; il en fut empêché par Vaudreuil. Au début de notre siècle, quand fut constatée la désuétude de fortifications de Québec, les ingénieurs canadiens choisirent la Pointe-de-la-Martinière pour y construire à quelque distance l’une de l’autre deux longues casemates souterraines. Elles furent armées chacune de deux canons de 7,5 pouces, pouvant atteindre la cible avec précision à 15 milles de distance. L’armée canadienne avait réussi à barrer complètement le passage du fleuve à l’ennemi, comme l’avaient souhaité les premiers chefs militaires du Canada. Ces ouvrages ont incroyablement bien résisté à l’usure du temps. Le Fort d’en haut, à la Pointe, est maintenant accessible au grand public durant l’été.
3. Le peuplement blanc (euro-canadien)
Le Cap-Lévy, l’Anse-des-Sauvages et la la Pointe-de-la-Martinière sont le point de départ du peuplement euro-canadien sur la rive-droite du Saint-Laurent. Une des terres de la Pointe, caractérisée par la présence d’un bâtiment centenaire imposant, d’une entreprise agricole prospère, et de deux sites de vestiges archéologiques, est à la plus ancienne des terres en culture sur la rive-droite du fleuve (7) (8) (9). Concédée en 1666, onze générations de Canadiens et de Québécois, issues de l’ancêtre Jean Carrier, l’ont occupée jusqu’à nous (10).
4. Le premier chemin objet de litige
L’historien Joseph-Edmond Roy, co-fondateur du Bulletin des recherches historiques, fondateur de la Revue du notariat, ancien président de la Société de géographie de Québec et de la Société royale du Canada, ex-archiviste-adjoint du gouvernement fédéral, identifia dans l’Anse-des-Sauvages le premier chemin du Canada ayant fait en 1667 l’objet d’un litige et d’un arrêt devant la justice royale. Jean Carrier et Louis Gesseron dit Brûlot, son voisin, figuraient parmi les 16 requérants (11).
5. La libération de Louis-Jolliet
La nomination de Jean Carrier fils, le 22 avril 1733, à titre de ‘’patron de chaloupe’’ et ‘’messager du Roy’’ au service de l’intendant, et du général des armées (12), n’est pas étrangère à la libération de Louis-Jolliet, explorateur du Mississippi, le 25 octobre 1690, à la hauteur de la Pointe-de-la-Martinière (13). À cette occasion, les occupants d’une habitation riveraine mirent à la disposition des deux négociateurs de Phipps, en l’occurrence la belle-mère et l’épouse de Jolliet, une embarcation pour leur permettre d’aller porter à Frontenac les termes et les conditions de l’amiral anglais pour réaliser l’échange du célèbre prisonnier (14).
6. Un poste de guet : les feux nocturnes
Il existait autrefois un système de communication par feux nocturnes entre le Bic (Rimouski) et la Pointe-de-Lévy. Les capitaines de milice des paroisses voisines de la rive droite étaient chargées de l’entretien de ces feux. La Pointe-de-la-Martinière était un des principaux maillons de la chaîne des feux. L’ancienne localisation de certaines habitations aujourd’hui disparues indique que leurs habitants avaient un rôle particulier à jouer dans ce système. Ce moyen rapide de transmettre les nouvelles urgentes nous est connu par les événements de 1744, 1759 et 1776 (15) (16) (17).
7. Une patrie de marins
Avant l’effondrement de la flotte maritime québécoise, l’Anse-des-Sauvages et la Pointe-de-la-Martinière furent des patries de marins. Ces marins sont déjà entrés dans le légende (18) (19).
En 1690, Jean Guay et une équipe de huit hommes relèvent devant Québec l’ancre et le câble du Six Friends, navire amiral de la flotte anglaise partie de Boston pour capturer Québec (20). À l’automne de 1710, un groupe de l’endroit guidé par Charles Lecours, Charles Brûlot et Charles Carrier loue un ‘’charroi’’ et sa chaloupe pour se rendre à la rivière Sainte-Anne jusqu’au printemps suivant (21). En 1733, Jean Carrier, frère du précédent, devient le plus célèbre patron de chaloupe du pays tandis que Charles Lecours se voit reconnaître le rôle de porte-parole des pilotes côtiers dans leur requête auprès des autorités pour obtenir une reconnaissance officielle (22). À bord du brigantin l’Expérience, Charles Lecours et son fils piloteront Louis Fornel dans sa découverte à la Baie des Esquimaux durant l’été 1743 (23). Entre 1833 et 1845, Louis Brûlot, capitaine au long cours, était propriétaire du Gaspé Packet, goélette (schooner) de 60 pieds jaugeant 60 tonneaux. Il naviguait de Québec à la côte nord, et de là traversait l’Atlantique pour se rendre en France. Son port favori semble avoir été celui de l’île Jersey (îles Anglo-Normandes), dont la capitale est Saint-Hélier. C’est de là qu’il a rapporta trois horloges grand-père, dont deux existent encore dans divers foyers de Lauzon. Ambroise Brulotte, son fils, navigua sous les ordres du capitaine Joseph-Elzéar Bernier. M. François-Xavier Brulotte, écrivain autodidacte signe son premier livre en 1983 à l’âge de 72 ans. Conteur émérite, il parle des événements survenus il y a plus de 150 ans. Monsieur Brulotte conserve précieusement une maquette du Gaspé Packet, ouvrage réalisé au siècle dernier par un des membres de sa famille (24).
8. Quartier général des milices de la Côte-du-Sud
Le quartier général des milices de la Côte-du-Sud, soit l’équivalent d’un régiment, était situé à l’Anse-des-Sauvages, chez Jean Guay. Le 27 juin 1759, Jean-Baptiste Carrier, capitaine de milice de la Pointe-de-Lévy, faisait transmettre au quartier-général de Québec, les nouvelles concernant l’avance de la flotte ennemie (25). Deux jours plus tard, en compagnie du seigneur Charest, d’une quarantaine de miliciens et d’un groupes d’indiens, Carrier interdisait du matin jusqu’au soir l’avance de troupes d’élite faisant corps parmi une des meilleures armées d’Europe (26). On pouvait compter parmi ces régiments 682 montagnards écossais du 79e Fraser Highlanders. Vers le 1er novembre 1775 eut lieu chez Jean Guay de l’Anse-des-Sauvages une assemblée ‘’séditieuse’’ à laquelle assistèrent la majorité des miliciens de la Côte-du-Sud. Un complot formé autour des familles Carrier, Guay et Lecours visa deux choses : 1) étouffer les appels aux armes du gouverneur Carleton qui voulait enrégimenter les Canadiens contre les troupes du Congrès, 2) organiser la garde dans toutes les paroisses pour favoriser sur la Côte-du-Sud l’arrivée du corps expéditionnaire conduit le long de la Kennebec et de la rivière Chaudière par le général des troupes du Congrès Bénédict Arnold. Devant la lenteur d’Arnold, des émissaires de la milice de la Pointe-de-Lévy, conduits par Ignace Couture, furent dépêchés au devant du général américain pour le prier d’arriver à la Pointe-de-Lévy au plus tôt. À l’hiver de 1776, les gardes de la milice canadienne rebelle furent montés au Sault Montmorency, au Bout-de-l’Ile et à la Pointe-de-Lévy. Durant le mois de mars, le gouverneur Carleton réussit à lever, dans la région de Kamouraska, un parti de royalistes canadiens qui avait pour mission de détruire la garde de Pointe-de-Lévy. Plus de la moitié des miliciens qui quittèrent la Pointe-de-Lévy pour aller défaire le parti de royalistes le 26 mars 1776 à la Rivière-du-Sud appartenaient à la famille Carrier. Un certain Lévesque, des côtes d’en bas, se signala par les textes qu’il rédigea à l’intention des Canadiens ‘’rebels’’ (27).
9. Les mercenaires allemands
Le ruisseau Lallemand, traversant la Pointe-de-la-Martinière (28) garde le souvenir de la répression qui s’abattit sur la ‘’paroisse séditieuse, opposée aux ordres du Roy, en un mot zélée et très affectionnée au parti des rebels’’ (29). La Pointe-Lévy comptait alors près de deux cents familles. Deux, parfois trois soldats allemands furent logés en garnison dans chacun des foyers de la Pointe-Lévy durant la période de 1776 à 1784 (30).
Avec raison, des auteurs contemporains ont rétabli les faits et les écarts de conduite commis à cette époque pr les officiers allemands à Saint-Nicolas, paroisse voisine de Saint-Joseph-de-la-Pointe-de-Lévy (31). Malheureusement, ils ont oublié de relever la pathétique lettre que le curé Berthiaume de Saint-Joseph adressait au secrétaire Mathews pour obtenir la libération de son voisin Joseph Samson. Dénonçant l’emprisonnement arbitraire, le curé plaida le fait que son voisin n’avait été que requérant, au nom de sa famille et au nom de toute la paroisse, auprès de l’officier responsable, pour dénoncer les accablements de toutes sortes (32). Pour justifier et hâter la libération de Samson, le curé avise le gouverneur que les soldats ont pris l’habitude, en l’absence du maître de la maison, d’abuser de l’épouse à la connaissance des enfants. Autant de témoins nous indiquent qu’il ne s’agissait pas de chantage comme ce fut le cas dans la région de Montréal.
Cinq ans après le départ des Allemands, Joseph Samson cédait le 7 juin 1789 un emplacement à la fabrique de Saint-Joseph pour l’érection d’une chapelle (33). Le curé Bethiaume obtint de l’évêque la faveur de placer cette dernière sous la protection de Sainte-Anne, ‘’en reconnaissance des grâces que sa puissante intercession a procurées de tout temps aux fidèles du diocèse’’. Cette chapelle fut reconnue il y a quelques années par la Commission des biens culturels du Québec : malheureusement, l’étât actuel de cette bâtisse est lamentable. Par ailleurs, M. François-Xavier Brulotte parle dans son langage coloré du ruisseau de Lallemand sous le toponyme de ‘’ruisseau des Allemands’’. Il y a cent ans, Joseph-Edmond Roy écrivait que la Seigneurie de Lauzon était bornée à l’est par la petite rivière des Aulnes. On peut considérer aujourd’hui la route Lallemand comme la plus ancienne limite officielle de la Seigneurie de Lauzon (34).
10. L’auberge de Jean-Baptiste Guay
Une branche de la famille Guay tenait cabaret sous le régime français au centre de l’Anse-des-Sauvages, face au paysage enchanteur du Bout-de-l’île, de la chute Montmorency, du basin de Québec, de la côte de Beauport et des montagnes Laurentides. L’attrait principal pouvait être le coucher du soleil miroitant dans le fleuve avant de disparaître derrière la chaîne de montagnes Aujourd’hui, à la Pointe-de-la-Martinière, la maison de l’aubergiste Jean-Baptiste Guay est conservée par son descendant M. Paul Guay. Ce dernier garde précieusement l’enseigne de son aïeul où sont peints ‘’sapin’’ et ‘’bouchon’’, indices qui révélaient au voyageurs du régime français la présence d’un cabaretier ayant obtenu permis de fournir ‘’gite’’ et ‘’boissons’’. Au 19e siècle, existait un endroit désigné pour le largage du lest au large de la Pointe. Les officiers étrangers profitaient de cette halte pour fréquenter l’auberge de Jean-Baptiste Guay (35) (36) (37).
11. Pierre-Georges Roy à la Pointe-de-la-Martinière
Au début du siècle, une célébration de nature patrimoniale marqua l’arrivée de la famille de l’archiviste Pierre-Georges Roy à la Pointe-de-la-Martinière. Autorités civiles et religieuses, notaires, arpenteurs, marchands, etc., témoignèrent à l’acte conservé aujourd’hui dans les minutes du notaire François-Xavier Couillard. (38). Parmi les huit notaires présents, ce dernier représentait la plus ancienne famille du pays; ce fut donc lui qui fut chargé de conserver l’acte. Un des premiers invité à signer à titre de témoin fut J.-A. Carrier, régistrateur de Lévis, dont les ancêtres s’étaient illustrés lors des événements de 1837-38, 1775-76, 1759-63 et 1690 (39).
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Par yvanm le 28 Novembre 2015 à 17:05
Mémoire présenté le 27 juin 2015 au Comité de pilotage PPU-Vieux-Lévis suite à la séance de pré-consultation du 10 juin dernier en vue de l’adoption pour le Vieux-Lévis d’un Programme particulier d’urbanisme (PPU).
Par Yvan-M. Roy
Introduction
Le présent mémoire a pour objet d’ajouter à la déposition que j’ai présentée à la fin de l’assemblée convoquée le 10 juin dernier par le Comité de pilotage PPU Vieux-Lévis. Je renouvelle la demande que j’ai alors faite d’inclure la maison Carrier-Couture dans le périmètre du PPU, de même que l’Anse Tibbits du quartier Saint-Laurent, parce que ce dernier faisait partie des 3 premiers quartiers lors de l’incorporation de 1861. La date butoir du 29 juin pour le dépôt de mémoires s’est révélée pour moi des plus contraignantes. Mon mémoire sera donc incomplet. Je demande donc la possibilité d’ajouter après cette date, ou du moins de rencontrer le Comité au cours des semaines ou mois qui viendront.
Partie 1. Aménagement – Urbanisme – Patrimoine immobilier – Histoire
Observation - Action
J’ai observé depuis le milieu des années 50’ l’aménagement et l’urbanisation dans Lévis et Saint-David. J’ai commencé à m’intéresser à l’aménagement dans la partie est de l’ancienne ville de Lauzon au début des années 60’. J’ai commencé à devenir pro-actif quand en 1978 le gouvernement du Québec a initié des procédures pour exproprier une quarantaine de propriétés riveraines à la Pointe-de-la-Martinière afin de préparer l’établissement d’un terminal méthanier privé qui, finalement, n’a jamais vu le jour. J’étais l’un des propriétaires concernés.
1) Depuis lors, je suis intervenu pour faire valoir mes droits ou exprimer mes opinions. Comme citoyen, j’ai cherché à éclairer les décideurs avant les prises de décisions sur l’aménagement du territoire, l’urbanisme, et le patrimoine immobilier, à savoir les instances qui suivent :
- Le Bureau des audiences publique sur l’environnement
- La Cour supérieure du Québec
- La Cour d’appel du Québec,
- Le Tribunal de l’expropriation
- La Commission de protection du territoire agricole
- Le journal Le Soleil
- Les consultations de 1990 sur le projet de corridor fluvial
- Les consultations en 1991 et 1992 sur le plan d’urbanisme de Lévis
- L’Office national des transports
- Le conseil de Lévis sur la demande en démolition de l’École Saint-
Francois-Xavier.
- Le Comité de démolition de Lévis sur la demande en démolition de l’immeuble des Scies Mercier
- Le Comité de démolition de Lévis sur la demande en démolition de la maison Davies-Ramsay
- Le Comité de démolition de Lévis sur la demande en démolition de la maison Anselme-Romuald Roy
- Le Comité de démolition de Lévis sur la demande en démolition des maisons Michel Poitras, éditeur du journal L’Écho de Lévis
- Le Comité de démolition de Lévis sur la demande en démolition de la maison Rodolphe Audette.
Dans mes interventions, j’ai demandé le respect de valeurs qui avaient été, à travers les générations, celles véhiculées par plusieurs membres de notre famille, notamment Léon Roy et Marguerite Lavoie, Joseph-Edmond-Roy, Pierre-Georges Roy, Adjutor Roy, Léon Roy, fils de Pierre-Georges, et Marcel Roy.
Plusieurs des textes auxquels le Comité pourra accéder par lien Internet expliquent ainsi mon engagement profond et soutenu pour la défense de l’image et du patrimoine immobilier du Vieux-Lévis. Les textes qui méritent une attention spéciale sont les suivants :
http://yvanmroy.over-blog.com/article-projets-immobiliers-risques-1987-91103482.html
Dans l’article de 1987 sur des ‘’Projets immobiliers risqués’’, j’ai suggéré aux membres du Conseil de Lévis d’adopter une stratégie pour renforcer notre image de marque, bref d’avoir une vision. J’ai indiqué quelle était notre véritable image de marque, nos valeurs fondamentales. Près de 30 ans ont passé, et je constate un véritable fiasco dans le secteur de la Traverse. Depuis 2003, lors de l’affaire de la démolition de l’école Saint-François-Xavier, j’ai fait bien des représentations pour éviter une répétition dans le quartier Notre-Dame de ce qui s’était produit dans le secteur de la Traverse, avec des résultats mitigés.
http://cqvl.org/2011/10/20/la-maison-du-photographe-anselme-romuald-roy/
Quant à ma déposition concernant la maison du photographe A.-R. Roy, j’ai fait la démonstration qu’il y avait à Lévis en 1875 un Société de construction de nature mutualiste, fondée par Léon Roy, notaire, qui facilitait aux ouvriers la construction de maisons dans le Vieux-Lévis. Ayant relevé tous les prêts faits par cette société entre 1869 et 1900, je peux aujourd’hui identifier toutes les propriétés qui ont fait l’objet de prêts pour la construction de maisons. J’ai constaté que des centaines d’ouvriers et commerçants ont bénéficié de tels prêts. Chose que les historiens propagandistes n’avaient pas révélé, Alphonse Desjardins avait été administrateur de cette société d’épargne et de crédit entre 1889 et 1894, quelques années avant la fondation de la Caisse populaire de Lévis.
Quelques années avant son décès, l’historien Pierre-Georges Roy a soutenu devant l’honorable Cyrille Vaillancourt, président du Mouvement Desjardins, que la mutualité qui avait ouvert la porte à la coopération. Toutes ces petites maisons d’ouvriers financées par la Société de construction permanente de Lévis devraient aujourd’hui faire l’objet d’un examen et d’une reconnaissance. Aujourd’hui, des millions de Québécois obtiennent le financement de leurs immeubles à travers le modèle coopératif, dont les origines proviennent de Lévis. Le PPU doit refléter que Lévis est une ville fondée à la fois sur les principes de la mutualité et de la coopération.
http://yvanm.eklablog.com/memoire-integral-vieux-levis-plan-d-urbanisme-7-octobre-1992-a59075607
Ma déposition lors des consultations sur le Plan d’urbanisme de 1992 a dénoncé la différence de traitement envers les petits propriétaires et les grands promoteurs dans l’application des mesures du Plan d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA). Les premiers se trouvant devant l’obligation de respecter de manière stricte la rénovation de leurs immeubles de manière à conserver les aspects traditionnels du milieu environnant, et les seconds dans la liberté presque totale dans le style, l’architecture, les dimensions de leurs projets. C’est ainsi qu’après avoir ignoré mes mises en garde, six ans plus tard, Lévis s’est retrouvé avec quatre blocs de condos ultra-contemporains à proximité immédiate de la maison Homestead et du Site historique national canadien du Chantier maritime A.C. Davie.
Je désire que le Comité s’inspire de mes interventions afin de prendre les mesures pour assurer l’efficacité d’un PPU dans le secteur du Vieux Lévis.
Partie 2. Le périmètre du PPU.
Dans la deuxième partie de mon mémoire, je questionne fortement la proposition en ce qui concerne superficie du PPU. Je considère que depuis 1992, près de 90% des objectifs de préservation du caractère de marque du Vieux-Lévis ont été atteints dans les rues à proximité des grands axes par une application intelligente du règlement sur les PIIA Le territoire d’application devrait se limiter à voisiner les grands axes structurants et déterminer des objectifs précis.
• Protéger et mettre en valeur le noyau traditionnel du Vieux-Lévis.
• Soutenir le maintien des activités commerciales et de services à des fins locales et touristiques.
• Maintenir le secteur commercial de voisinage, soutenir la revitalisation.
• Mettre en valeur le patrimoine bâti
• Intégrer le réseau cyclable aux différents points d’intérêt du noyau citadin
• Promouvoir la rénovation des bâtiments résidentiels et commerciaux.
• Aménager certains espaces verts.
Comme Lévis n’a pratiquement aucune expertise en matière de PPU, le comité devrait faire l’étude des PPU existant depuis de nombreuses années dans les grandes, moyennes et petites villes du Québec. Lévis ne peut se permettre de ‘’manquer le bateau’’ comme cela fut malheureusement le cas dans le secteur de la Traverse.
Partie 3.
Dans cette troisième partie de mon mémoire, j’expose en vrac les documents que j’avais l’intention de me servir pour développer davantage sur les espaces à privilégier, mais l’étroitesse du délai imposé m’a rendu la tâche impossible. Dans un troisième point, j’indiquerai l’urgence de mesures immédiates.
2.1 Sur la démolition de la maison Guay-Poiré, à la Pointe-de-la-Martinière
http://yvanmroy.over-blog.com/article-feu-la-maison-guay-poire-1983-91103570.html
2,2 Pour l’équilibre, l’esprit de réserve et la préservation de l’image du Vieux-Lévis
http://yvanmroy.over-blog.com/article-projets-immobiliers-risques-1987-91103482.html
2.3 Contre le zonage parcellaire
2.4 L’urbanisme à Lévis dans la partie est de la Traverse. http://cqvl.org/2014/11/05/1841/
2.5 Lévis et la mise en valeur des quartiers anciens
http://yvanm.eklablog.com/levis-et-la-mise-en-valeur-des-quartiers-anciens-2012-a62616117
2.6 Ilot Saint-Louis
2.7 Jean Carrier, Jacques Samson, Michel Bégin, et les deux cartes de Villeneuve
(1694) Le quartier des canotiers, Bienville, 5 ½ arpents vers l’est à partir de la rue Foisy.
http://yvanm.eklablog.com/jean-carrier-maitre-canotier-de-pointe-levy-2010-a27262673
(1886)
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b59689108.r=de+Villeneuve.langFR
2.8 Mémoire consultation Lévis 7 occtobre 1992
http://yvanm.eklablog.com/memoire-integral-vieux-levis-plan-d-urbanisme-7-octobre-1992-a59075607
2.9.1 Le Vieux-Lévis et la densification par la démolition des bâtiments anciens http://cqvl.org/2012/05/06/le-vieux-levis-et-la-densification-par-la-demolition-des-batiments-anciens-par-yvan-m-roy/
https://cqvldotorg.files.wordpress.com/2012/05/condo-st-louis2.jpg
2.10 Le plus grand prêteur hypothécaire appuie ce projet (Desjardins Caisse populaire de
Lévis) https://cqvldotorg.files.wordpress.com/2012/05/condo-st-louis2.jpg
2,11 Le gymnase du Couvent en 1989, une construction respectueuse du Vieux-Lévis, un
message important ignoré par les conseils successifs de la ville de Lévis.
http://cqvl.org/2012/10/15/le-couvent-de-levis-1858-un-riche-element-du- patrimoine-
Rue Déziel à Lévis, volte-face, désinvolture et désengagement http://cqvl.org/2013/09/29/volte-face-desinvolture-et-desengagement
2.12 L’hôtel Victoria et l’anse Tibbits
http://cqvl.org/2013/02/25/coup-doeil-sur-lanse-tibbits-rue-saint-laurent/
2.14Rue Bégin, 16
2.15 Sur l’histoire immobilière du Vieux-Lévis
http://yvanmroy.over-blog.com/article-l-epargne-ouvriere-a-levis-avant-1900-2005-91103118.html
http://yvanmroy.over-blog.com/article-l-ecole-saint-francois-xavier-demolie-2005-91102883.html
Problématique : Qui a été le mentor local d’Alphonse Desjardins, Léon Roy ou Jean-Baptiste Thériault?
L’ouvrier Jean-Baptiste Thériault, épargnant modèle…
https://my.over-blog.com/write/70149631
2.16 Sur la fondation de la ville de Lévis et le projet d’un marché public ( la Halle Lauzon)
2.17 Demande d’audience publique, côte du Passage (Maisons Michel Poitras)
2,18 Requête pour un PPU dans le secteur de la Traverse
2.17 La maison Anselme-Romuald Roy, photographe
http://cqvl.org/2011/10/20/la-maison-du-photographe-anselme-romuald-roy/
2.18 Plaidoyer pour la sauvegarde de la maison Rodolphe-Audette
Partie 4.
Je demande d’urgence un moratoire pour les zones urbaines que j’ai identifiées dans le quartier Notre-Dame avant l’adoption du dernier Plan d’urbanisme (2012). Le moratoire devrait assurer une protection immédiate et éviter une dégradation marquée du Quartier Notre-Dame, notamment dans le rayonnement du Couvent de Lévis et du site patrimonial de l’Anglicane.
http://cqvl.org/2012/06/18/pourquoi-je-voterai-contre-la-mise-en-vigueur-reglement-rv-2011-11-23
Conclusion
À partir de 1987, la ville de Lévis a accepté des constructions qui ont considérablement contribué à dévaloriser l’image de marque du Vieux-Lévis, handicapant ainsi le progrès de l’industrie touristique.
Le nouveau PPU devrait plutôt contenir toutes les mesures pour assurer la pérennité de ce qui en reste de l’image. La ville doit dans la réglementation mettre au pas les développeurs et les institutions prêteuses qui ont jusqu’ici réussi à dicter leurs exigences dévastatrices pour l’image du Vieux-Lévis.
La principale mesure serait de refaire le Vieux-Lévis, principalement dans La Traverse, avenue Laurier incluse, tel qu’il était avant 1945, ce que j’avais indiqué dans le mémoire déposé lors des audiences sur le Plan d’urbanisme de 1992. (http://yvanm.eklablog.com/memoire-integral-vieux-levis-plan-d-urbanisme-7-octobre-1992-a59075607 ) .
Rasée en 1945, la ville de Saint-Malo s’est imposée cette exigence, avec le succès que l’on connaît. La mesure serait également valable pour le secteur de l’Anse Tibbits et dans la partie ouest du Vieux-Bienville, sur le plateau de la Pointe-des-Pères.
Je souhaite que les membres du Comité puissent faire preuve de l’indépendance nécessaire pour faire prévaloir l’intérêt public.
Je suis disposé à rencontrer le Comité si ce dernier en manifeste un intérêt.
Lévis, ce 27 juin 2015
Yvan-M. Roy
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Par yvanm le 7 Décembre 2013 à 12:46
Députés : les Québécois paient trop cher
Par Yvan M. Roy (Le Soleil, 6 décembre 2013 - Carrefour des lecteurs)
Le Comité consultatif indépendant sur les conditions de travail des députés Québécois a estimé dernièrement que les rémunérations versées aux 125 élus québécois devaient être revues à la hausse pour les porter à 135 000 $ annuellement. La présentation a été faite en comparaison avec la rémunération des députés fédéraux qui gagnent 160 200 $. La démonstration aurait été plus convaincante si les membres du comité avaient considéré les données concernant les grandes provinces du Canada.
Les deux plus importantes provinces du pays en termes de population sont l’Ontario avec 13,5 millions, et le Québec avec 8 millions. Malgré l’écart de 5,5 millions de personnes entre les deux provinces, l’assemblée législative d’Ontario compte 107 députés, tandis que l’assemblée nationale du Québec, 125.
Le salaire de base des députés Ontariens est de 116 000 $, celui des députés Québécois 88 186 $. Les Ontariens paient donc un total de 12,4 millions $ pour le salaire de base de leur députation, tandis que les Québécois paient 11 millions $. Un député de l’Ontario représente en moyenne 126 000 personnes, un député Québécois 64 000. Tenant compte de la population respective des deux grandes provinces, chaque Ontarien paie 0,92 $ pour être représenté à la législature, et chaque Québécois 1,37 $.
Quelle serait la réaction publique si ,un bon jour, le prix à la pompe de l’essence au Québec était de 1,37 $ alors qu'en Ontario, il était de 92 cents ? Poser la question, c’est déjà y répondre.
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