• Mémoire - Résumé & Conclusion - Vieux-Lévis - Plan d'urbanisme - 7 octobre 1992

    Extraits 

     

     Mémoire de Yvan-M. Roy présenté l’occasion des consultations publiques du 7 et 8 octobre 1992 sur les projets de règlement d’urbanisme de la ville de Lévis

     

    (Résumé  & Conclusion, pp. 26-28 ; Document original : 28 pages)

     

    Les principaux intervenants concernant les règlements ont été :

     

    -          Le Groupe Enviram ( M. Christian Côté)

    -         Le Comité consultatif d’urbanisme (Mme Francine Bégin et M. Gilles Lehouiller, conseillers)

    -          La direction générale du développement de Lévis (M. Robert Cooke)

    -          Le service d’urbanisme (M. Robert Martel)

    -          Flynn, Rivard avocats

     

     

    Résumé ( p.26)

     

     La ville de Lévis est une ville dont l’histoire n’est surpassée que par peu d’autres villes au Canada. Les troupes des nations françaises, anglaises, américaines et allemandes y ont séjourné. Des événements importants concernant l’histoire de l’Amérique s’y sont déroulés. Lévis a une histoire locale très originale. Le phénomène historique est doublé par l’excellence de l’environnement. Lévis possède à la fois une vue sur la plus belle ville de l’Amérique, soit Québec, et une autre sur un des plus beaux paysage de la vallée laurentienne, soit la chute de Montmorency, dans une perspective sur l’île d’Orléans et les Laurentides.

     

    Après étude des règlements concernant les quartiers historiques de Lévis, je suis d’avis que deux secteurs de la ville sont gravement menacés dans leur image traditionnelle, soit la Traverse et la Pointe-de-la-Martinière. Les effets négatifs des règlements affecteront également le caractère de la région de Québec puisque la Traverse tombe directement sous le regard du Château Frontenac situé à un kilomètre de l’autre côté du Saint-Laurent.

     

    Lévis a choisi d’utiliser une règle d’application stricte pour préserver le caractère du Vieux-Lauzon et celui du Vieux-Lévis, deux secteurs près des églises Saint-Joseph et Notre-Dame. J’ai identifié cette mesure comme étant une règle ‘’McDonald patrimoniale’’.* Lévis force par l’effet des règlements douze cents petits propriétaires à respecter le caractère patrimonial de leur quartier.

     

    Lévis a choisi d’utiliser une règle d’application très libérale pour guider l’aménagement des secteurs patrimoniaux de la Traverse et de la Pointe-de-la-Martinière. J’ai identifié cette mesure comme étant une règle ‘’McDonald impériale’’*. Lévis consent à ce qu’un ou deux grands promoteurs échappent à l’obligation de respecter le caractère patrimonial des lieux. Lévis adopte la règle de deux poids, deux mesures, ce qui à  mon avis est fondamentalement injuste et immoral. Le site A.C. Davie, d’un potentiel exceptionnel, sera écrasé par ‘’un balconville sur Saint-Laurent’’.

     

    En 1963, un promoteur industriel se présenta pour entreprendre la construction d’un complexe pétrolier à la Pointe-de-la-Martinière, un des sites les plus évocateurs de la vallée laurentienne. M. Alfred Rouleau, président d’Assurance-Vie Desjardins, monta aux barricades et contribua à faire abandonner le projet. M. Rouleau demeurait dans le Vieux-Lévis et était très attaché au caractère traditionnel du quartier.

     

    En 1992, des promoteurs se sont avancés pour proposer des investissements dans les plus riches et les plus beaux secteurs de Lévis. Rusés, ils se sont fait financer par une institution prestigieuse du Mouvement Desjardins. À Lévis, les caisses de la Cité Desjardins exercent un pouvoir d’influence spécial. Personne au sein du Mouvement Desjardins ne s’est avancé pour défendre le patrimoine historique et environnemental de Lévis.

     

    Après analyse, je suis venu à la conclusion que les dés étaient pipés d’avance en faveur des promoteurs immobiliers. Je suis convaincu que dans le secteur de la Traverse, la Caisse populaire de Lévis a participé à une partie de Monopoly et que l’appui a été décisif pour placer le plus fort en situation de monopole.

     

    Conclusion  ( p. 28)

     

    La ville de Lévis manque gravement à ses obligations en présentant certains règlements d’urbanisme qui n’assurent pas la conservation et la mise en valeur de notre patrimoine commun. Dans le secteur de la Traverse, les interventions récentes avaient pourtant manqué à l’esprit de civisme. Ai lieu de proposer le ‘’pittoresque et payant’’, la ville de  Lévis propose le ‘’gigantesque et payant’’.

     

    Les règlements cherchent à satisfaire les appétits démesurés de personnes qui sollicitent des emprunts auprès des sections Prêts à l’habitation et au commerce des Caisses populaires de la Cité Desjardins.

     

    Pour le secteur de la Traverse, je demande à ce que les objectifs principaux pour toutes les zones tendent à la rénovation du secteur historique pour lui donner l’aspect qu’il avait à l’époque où a vécu Alphonse Desjardins. Je demande à ce que les critères d’évaluation soient modifiés en observant une règle de type ‘’McDonald patrimoniale’’.* En bref, tous les bâtiments devront avoir trois étages pour se rattacher à l’architecture locale du XIXe siècle, et le zonage devra consolider à la fois le potentiel du lien ferroviaire, celui de la Traverse et celui du chantier maritime A.C. Davie afin d’optimaliser le commerce qui prendra naissance sur les lieux.

     

    Pour le secteur de la Pointe-de-la-Martinière, les règlements devront prévoir, premièrement, un belvédère autour du lot 54 (la perspective Aubert de Gaspé), deuxièmement, une protection étendue des bâtiments patrimoniaux du Ruisseau Lallemand et troisièmement, une large bordure fluviale sous couverture végétale à partir des phares de signalisation maritime en descendant jusqu’au fleuve Saint-Laurent.

     

    C’est la seule façon, à mon avis, d’établir l’équilibre entre l’intérêt public et l’intérêt des promoteurs immobiliers. Parce que la ville de Lévis est une ville historique, le conseil de ville a une obligation de résultat dans la recherche de cet équilibre. C’est en observant scrupuleusement les principes adoptés jadis par Alphonse Desjardins et Pierre-Georges Roy que sera atteint le bien-être des citoyens de Lévis.

     

    Yvan-M. Roy

    7 octobre 1992

     

    *  McDonald présente une architecture très différente en milieux traditionnels, telles à Freeport, ME, et rue Saint-Jean, à Québec.

      

    Tag: Lévis, urbanisme, Vieux-Lévis, Traverse


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