• POINTE DE LA MARTINIÈRE À L'HEURE DU GASPILLAGE (1982)

    Par Yvan-M. Roy

    Le Soleil, 21 0ctobre 1982

     

    Comme actionnaire de Dome Petrolium et comme automobiliste, j’ai été victime avec bien des Canadiens de la politique énergétique des gouvernements du Canada. Ces deux optiques ont été justement analysées dans la chronique de M. Roger Dehem dans LE SOLEIL du 13 octobre 1982.

     

    Et pour compléter cette chronique, je voudrais vous informer que c’est comme individus que plus de trois cents personnes de votre région ont été victimes de cette funeste politique. Car Dome Petrolium, suite à l’achat en juin 1981 du chantier Davie à Lauzon, a amené, à mon avis, les gouvernements fédéral et provincial dans un programme Canada-Québec (on aura tout vu). De sorte que, le 3 juillet 1981, par pure coïncidence, nous a-t-on dit, la Société Inter-Port (Ottawa 60 pour cent – Québec 40 pour cent) recevait 9 250 000 $ pour exproprier les fermes, les champs, les boisés, les caps, les chalets et les plages de Pointe-de-la-Martinière, située à moins d’un kilomètre des chantiers Davie.

     

    Et puisque la filiale de Dome Petrolium, Trans-Canada Pipelines, s’était ‘’fracassé la pipe’’ contre les propriétaires de l’endroit aux audiences du ministère de l’Environnement en 1979, on procéda cette fois en sourdine pour ne pas alerter l’opinion publique. Le projet de Dome Petrolium d’un chantier de cinq mille hommes s’est écroulé comme un château de cartes et tout laisse croire que l’usine de Trans-Canada Pipelines ne verra pas le jour.

     

    Face à la faillite, il a fallu devenir modeste, faire des réajustements. Cependant, l’expropriation de Pointe-de-la-Martinière continue et cela constitue une espèce de sacrilège car cet endroit accidenté est au point de vue environnemental d’une qualité exceptionnelle tant par ses champs de blé, ses boisés, ses caps, et ses phares maritimes installés sur ses rives sauvages. De plus, tout visiteur averti découvrira avec émotion le panorama extraordinaire qui s’étend des îles de Montmagny en survolant l’île d’Orléans, la côte de la chute de Montmorency, Québec et Pointe-Lévy, avec en arrière-plan la chevauchée vallonneuse des Laurentides; un sacrilège doublé d’un gaspillage, car 13 millions de pieds carrés s’ajouteront aux 9 millions de pieds carrés, inoccupés, vacants et improductifs que la société rivale d’Inter-Port, le port de Québec (Ottawa 100 pour cent), possède à cent pas des chantiers maritimes Davie depuis 70 ans.

     

    Il faut que de tels gaspillages d’espaces verts et d’argent cessent. Québec a accusé Ottawa d’avoir gaspillé plus de 70 000 acres (43 560 pieds à l’acre) de belles terres à Sainte-Scholastique; que fait Québec à la Pointe-de-la-Matinière ? Ce rêve bureaucratique de mini-aciéries, d’alumineries aux portes de la capitale devraient fuir devant la déroute cauchemardesque des villes portuaires de Sept-Îles, Port-Cartier, Gros-Cacouna et Bécancour.

     

    Les rêves de ces bureaucrates, en s’accumulant les uns aux autres, se traduisent par un égorgement des payeurs d’impôts et de taxes. Des milliers d’employés de l’État paieront pour les aventures luxueuses de certains de leurs cadres. L’argent investi en perte à Pointe-de-la-Martinière, c’est la coupure de salaire d’une dizaine de milliers de fonctionnaires.

     

    L’expropriation de Pointe-de-la-Martinière coûtera aux gens de Lauzon des dizaines de milliers de dollars en taxes foncières perdues. Qui paiera ?  L’ensemble des propriétaires de Lauzon. Quant au coût de l’expropriation, quelques millions se camoufleront bien parmi les nombreux milliards des déficits québécois et canadiens. Qui paiera ? Vous, moi et nos enfants. Tout comme nos pères et nos grands-pères ont payé autrefois l’achat d’un terrain de 5 448 248 pieds carrés 108 964,96 $ (appx. 2 000 000 $ aujourd’hui) acheté le 27 mars 1913 par le port de Québec à la Indian Cove Company, terrain qui est resté improductif, vacant et devenu aujourd’hui compromettant puisqu’il voisine immédiatement les 13 000 000 de pieds carrés d’Inter-Port.

     

    Continuera-t-on ainsi longtemps à violenter, piller, et violer la mémoire, l’intelligence, l’habitat et l’épargne des honnêtes gens ? Jusqu’à quand abusera-t-on ainsi de notre patience ?

     

    Pour assainir les finances publiques, il faut que, tel David devant Goliath, les gens se lèvent, pointent et corrigent les responsables de ces gaspillages de fonds publics. Sinon, il faudra constater et conclure que les gouvernements ‘’veulent votre bien et qu’ils vont l’avoir’’.

     

    Yvan-M. Roy

    Pointe-de-la-Martinière

    Lauzon

     

     


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