• Lévis, le  10 août 2011

     

     

    M. David Gagné, secrétaire                                                              PAR COURRIEL

    Comité de démolition

    Ville de Lévis,

    996, rue de la Concorde

    Lévis (Saint-Romuald)

    G6W 5M6

     

     

    Objet : Opposition à l’émission de deux permis de démolition : 2 bâtiments attachés portant les numéros civiques 36/38 et 40/40A, Côte-du-Passage, Lévis, respectivement lots cadastraux 2 433 301 et 2 433 303

    __________________________________________________________

     

     

    M. le secrétaire,

     

    Je, soussigné, désire inscrire mon opposition à la démolition des bâtiments mentionnés à l’objet.

     

    J’entends d’abord démontrer dans mon opposition que la structure des immeubles n’est pas atteinte irrémédiablement. En second lieu, je demande l’application d’une règle stricte qui viendra protéger l’image du Vieux-Lévis et conserver l’environnement des immeubles que plusieurs membres de ma famille ont acquis ou construits depuis 1852 dans l’ancien lieu nommé « Aubigny », aujourd’hui « Vieux-Lévis », particulièrement au numéros civiques 20/22, Côte-du-Passage (1845),  1/4/6/8, rue Wolfe (1910/1890), et finalement 12, rue Wolfe (1870). Tous des immeubles qui contribuent à la valorisation de l’image du « Vieux-Lévis ». Je suis propriétaire du 20/22, Côte-du-Passage, immeuble situé  à moins de 40 mètres des immeubles mentionnés à l’objet.

     

     

    A)       QUANT AU FOND DE LA DEMANDE :

     

     L’opposant soussigné a fait une reconnaissance extérieure des immeubles à deux reprises, soit le 21 juin et le 17 juillet 2011.

     

    4        Le 21 juin, la Côte-du-Passage était éventrée de sorte qu’il était possible de voir que la machinerie avait dénudé le terrain devant les immeubles et que les solages sous les façades reposaient directement sur le roc solide;

    5        Pendant le mois de juin, pendant deux semaines, l’opposant a constaté qu’une pelle mécanique géante a creusé dans le roc au moyen d’un énorme croc d’acier  jusqu’à 6 mètres devant les deux bâtiments sans causer l’effondrement qui était appréhendé;

     

    6          Les murs latéraux en brique des immeubles ne laissent pas voir de lézardes suite à l’action du croc de la pelle mécanique;

    7        L’arrière de chacun des bâtiments est solidement appuyé sur deux étages contre des annexes qui agissent comme de véritables contreforts;

     

    8        La façade du 36/38 a déjà été l’objet d’une mauvaise réparation suite à un choc causé par un fardier; la ville de Lévis devrait apporter une aide financière au propriétaire afin de restaurer la partie avant du bâtiment;

     

    9        Il est possible de remédier à la situation présente sans procéder par la démolition;

     

    10    Le 40/40A laisse voir un manque d’entretien, mais la façade et la structure apparaît solide et rien ne justifie sa démolition;

     

    11    Les bâtiments n’ont pas été l’objet de sinistres;

     

    12    La Côte-du-Passage (Ferry Hill), où  sont situés ces immeubles, figure sur le plan de la Ville d’Aubigny (1818 et 1848);

     

    13    Les bâtiments sont  situés dans le secteur historique du Vieux-Lévis qui avait fait l’objet d’une reconnaissance lors de l’adoption du Plan d’urbanisme il y a 20 ans;

     

    14    Les bâtiments sont situés sur la principale voie d’accès de milliers de touristes piétonniers;

     

    15    La façade des bâtiments et le mur latéral nord-ouest apportent une contribution spéciale au patrimoine immobilier ancien;

     

    16    L’historien Roch Samson a indiqué que vers 1880, Lévis se classait au 3e rang des villes industrielles du Québec, derrière Montréal et Québec;

     

    17    Les bâtiments reflètent le dynamisme de Lévis vers la fin du 19e siècle;

     

    18    Les bâtiments sont des œuvres architecturales qui contribuent à exposer de manière exceptionnelle l’image de marque  du Vieux-Lévis;

     

    19    Les bâtiments tombent sous la vue de tout observateur qui se trouve posté au kioske nord de la terrasse Chevalier de Lévis;

     

    20    La terrasse Chevalier de Lévis est le principal point d’observation de l’ancien « Aubigny » et de l’actuel « Vieux- Lévis »;

     

    21    Les bâtiments sont situés à 100 mètres de l’emplacement où le 6 août 1861, la ville de Lévis a tenue la première assemblée de son conseil;

     

    22    La délivrance d’un permis de démolition pour l’un ou l’autre immeuble sans raisons fondamentales établira un précédent et entraînera le droit pour tout propriétaire d’un immeuble dans le périmètre  du Vieux-Lévis à demander la démolition de son édifice pour maximiser la superficie de son terrain au dépens du consensus établi par la population;

     

    23    Lévis, connu anciennement sous le toponyme « Pointe-Lévy »,  est le plus ancien établissement européen de la rive droite du Saint-Laurent;

     

    PREMIÈRE CONCLUSION :

     

    Les demandes doit être rejetées parce que la structure de chacun des bâtiments n’est pas compromise irrémédiablement. Les deux bâtiments apportent une contribution très spéciale à la compréhension et la promotion du Vieux-Lévis.

               

     

    B)               LE CONTEXTE ET LA RÈGLE :

     

    24        Le contexte actuel où se trouve le comité de démolition au moment de décider de la demande;

     

    Alors que depuis 20 ans, les 10 plus importantes villes du Québec ont adopté des plans particuliers  d’urbanisme (PPU) afin de protéger et mettre en valeur leur centre-ville, la  ville de Lévis (au 8e rang) a adopté un plan d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA) et un plan d’aménagement d’ensemble (PAE). Cependant, Lévis a grossièrement négligé d’adopter un PPU. Ainsi, les projets de rénovations des petits propriétaires d’immeubles patrimoniaux du Vieux-Lévis sont soumis à l’application d’une réglementation sévère afin de maintenir le caractère spécial du Vieux-Lévis (la règle des PIIA), rigueur à laquelle l’opposant soussigné a été soumis à deux occasions depuis 2004. En l’absence de PPU, lorsqu’il s’agit d’un réaménagement des lots et de constructions majeures, les développeurs ont beau jeu, et avec leurs millions, ils ont réussi jusqu’ici à modifier sensiblement l’image du Vieux-Lévis. Jusqu’à date, la ville de Lévis a cédé et  jamais les projets majeurs ne sont venus consolider l’image de marque, au contraire, les gabarits de quatre projets[1] ont apporté une démesure grave et sérieuse, et la présence de longues baies vitrées et de balcons en saillie apporte une touche de modernisme qui est carrément refusée aux propriétaires de petits bâtiments patrimoniaux. Il est injuste que Lévis ait ainsi introduit la règle de « Deux poids, deux mesures », c’est vraiment déplorable. 

     


    SECONDE CONCLUSION :

     

    Dans ce contexte, et vu la volonté exprimée en 1991 par la population lors des consultations publiques sur l’urbanisme, le comité de démolition doit utiliser une règle stricte  comparable à celle utilisée dans le cadre des PIIA pour la rénovation des bâtiments anciens des petits propriétaires. Avant l’audition, le comité de démolition doit absolument profiter de l’éclairage de professionnels pour présenter une contre-expertise sur la précarité de la structure en façade du bâtiment à l’adresse du 36-/38, ainsi que celle du 40-40A, Côte-du-Passage.

     

    Il n’existe pas de raison sérieuse pouvant justifier la démolition de chacun des immeubles, surtout que ces derniers apportent une contribution essentielle pour maintenir l’image du Vieux-Lévis et que leur localisation se trouve sur la principale voie piétonnière du secteur ancien.

     

    NONOBSTANT ce qui précède, l’octroi fait à la demande devrait inclure l’obligation de reconstruire le, ou les bâtiments tels qu’ils étaient avant leur démolition, le tout afin de maintenir et de renforcer l’image de marque du Vieux-Lévis.

     

     

    EN CONSÉQUENCE, je demande que le comité de démolition tienne une audience publique au cours de laquelle je présenterai publiquement mon opposition à la demande.

     

     

     

    Et j’ai signé,

     

     

     

    Yvan-M. Roy

     


     

    [1] Les Rives du Saint-Laurent, Diamant Bleu, Jazz, et Espace Saint-Louis.


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  • (2) PROJETS IMMOBILIERS RISQUÉS (1987)

    Par Yvan-M. Roy

    Le Soleil, mardi le 14 juillet 1987

     

    ( Lettre adressée à M. le maire Vincent Chagnon et aux conseillers municipaux de la ville de Lévis et celle de Québec relativement aux projets immobiliers Rives du Saint-Laurent et Quai d’Orsay.)

     

    Ayant dû quitter la ville de Lévis il y a bientôt 15 ans, j’ai quand même conservé de nombreux liens économiques et familiaux avec des Lévisiens. Il m’a été ainsi plus facile, au cours des années, de suivre le développement de la ville. Je suis en mesure d’établir certaines comparaisons et je puis affirmer que plusieurs villes du Québec envient la saine gestion financière de Lévis.

     

    Lors d’une visite récente, quelqu’un m’a parlé des développements résidentiels futurs dans l’ancien quartier industriel et portuaire de la basse-ville. À prime abord, l’idée m’a souri, et j’ai cherché à évaluer, dans le domaine de ma spécialité, les impacts qu’auront les projets immobiliers Rives du Saint-Laurent et Quai d’Orsay sur l’image traditionnelle de Lévis et sur celle de Québec.

     

    La proximité du fleuve et la présence, sur la rive opposée, du Château Frontenac, de la Citadelle, ainsi que de la vieille ville fortifiée ont attiré sur les rives de Lévis des promoteurs audacieux qui entendent tirer le maximum de profits à partir d’une valeur patrimoniale, dont la réputation ne cesse de grandir au point de vue mondial.

     

    Dans cette entreprise, il n’y aura pas de cadeau pour personne, et les logements se vendront en moyenne 110 000 $. Chaque étage construit coûtera près de 2 000 000 $. Plus il y aura d’étages, plus il y aura de profits, plus les recettes foncières de la ville de Lévis seront importantes. Pourquoi alors s’inquiéter ?

     

    Avant que les projets Rives du Saint-Laurent et Quai d’Orsay ne soient coulés dans le béton, il faudrait peut-être trouver des réponses à certaines questions.

     

    Quelle contribution ces édifices imposants apporteront-ils finalement à l’image traditionnelle de notre région, à celle qui fait marcher notre tourisme ? Est-ce que les constructions projetées viendront renforcer notre image de marque ?

     

    Si la réponse est positive pour ces deux questions, les membres du conseil de ville de Lévis se doivent de voir à maximiser l’importance des deux projets. Si la réponse est négative, les membres devront passer la réglementation nécessaire pour situer les projets en harmonie avec le cadre environnemental de Lévis et avec celui de Québec. Après tout, c’est la richesse du patrimoine de Québec qui a donné naissance à ces projets.

     

    Il est donc possible de constater qu’à des considérations purement économiques s’ajoute également une question d’éthique. Comment est-il possible de se prononcer sur la hauteur, la taille et l’apparence des édifices projetés, en respectant le concept de la libre entreprise et en gardant comme objectif final le respect des valeurs fondamentales qui font la richesse de notre vie régionale ?

     

    Voilà une question que les membres du conseil de Lévis devront trancher avec courage et sagesse.

     

    En soulevant ces quelques points, j’espère convaincre les autorités de la ville de Lévis de l’importance qu’il y a de considérer l’aspect patrimonial dans la décision relative aux projets Rives du Saint-Laurent et Quay d’Orsay.

     

    Pour ma part, je considère que les projets actuels, tels que les journaux nous les ont présentés, manquent de modération et qu’ils s’intègrent mal, à cause de leur modernisme, dans le cadre traditionnel de Lévis et dans celui de Québec.


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  • Maquette à l'échelle 1/7 du grand 'Bateau plat" de l'Intendant qu'il mettait au service du général des armées et des visiteurs étrangers vers la fin du régime français, longueur originale 35 pieds, tonnage 8 milliers.

    Maquette du bateau plat de l'Intendant de Nouvelle-France à la fin du régime colonial au Canada, échelle 1/7. longueur originale 35 pieds, capacité 8 000 livres.

     


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